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Rougeole: ce que l'on sait des 13 cas déclarés après le Salon de l'agriculture

Un agriculteur conduit un tracteur à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture à Paris, le 21 février 2025.

Un agriculteur conduit un tracteur à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture à Paris, le 21 février 2025. - Thibaud MORITZ / AFP

Des cas de rougeole ont été identifiés en Normandie, Occitanie, Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes chez des personnes ayant fréquenté le Salon de l'agriculture (SIA), il y a un mois. En Isère, un cluster a résulté de cette infection, provoquant au moins un cas grave.

Un cluster de rougeole au Salon de l'agriculture? La 61e édition du rendez-vous international s'est tenue de fin février à début mars à Paris, avec un total de 607.503 visiteurs dans les différentes allées. Et parmi eux: un ou plusieurs malades porteurs de ce virus extrêmement contagieux.

Régions concernées, risque pour le grand public, campagnes de vaccination... Voici ce que l'on sait de ce cluster récemment identifié.

• Au moins 13 cas dans 4 régions différentes

Comme le révélait BFMTV.com samedi 29 mars, le ministère de la Santé a été averti "de situations à risque de diffusion virale par plusieurs régions concernant des cas de rougeole chez des personnes ayant fréquenté ou travaillé au Salon de l’agriculture", sans préciser le nombre de contaminations.

Selon nos informations, au moins 13 cas distincts ont pour point commun un passage par le salon, sans lien entre les différents individus concernés. Les malades proviennent de quatre régions: Occitanie, Île-de-France, Normandie et Auvergne-Rhône-Alpes.

"En Normandie, deux cas de rougeole ont été identifiés chez des personnes ayant fréquenté le Salon de l’agriculture, résident respectivement dans la Manche et dans la Seine-Maritime. Ces deux cas sont désormais guéris. Ils n’ont eu aucune interaction ensemble et ont fréquenté le salon sur deux journées différentes", nous explique l'agence de santé locale.

En Occitanie, "trois cas de rougeole, probablement liés au Salon de l’Agriculture, ont été signalés", ils sont "isolés et sans autre cas secondaire identifié".

En Île-de-France, sept cas confirmés sont recensés par l'agence de santé, qui précise que quatre des malades n'étaient pas vaccinés, un l'était avec un schéma incomplet et trois étaient totalement vaccinés. "Parmi les cas, deux étaient travailleurs sur le salon et cinq étaient visiteurs avec des expositions les 22, 23, 24, et 25 février", précise l'ARS.

Enfin, en Auvergne-Rhône-Alpes, au moins une personne a été infectée en Isère lors d'un passage au SIA, provoquant à son tour un cluster de 18 cas.

• Les exposants alertés dès le 20 mars, "peu probable" que de simples visiteurs soient touchés

Si les autorités sanitaires ont mentionné tardivement ces cas groupés, les principaux concernés ont été appelés à la vigilance dans les délais plus courts. Dès le 19 mars, la directrice du SIA, Valérie Le Roy, a été contactée par le ministère de la Santé.

"Ils nous ont proposé d'envoyer un texte aux exposants pour les informer de cette situation, ce que nous avons fait dès le 20 mars", nous précise la directrice.

Les 1100 sociétés participantes ainsi que les prestataires et les organisateurs ont été appelés à la vigilance dans un document consulté par BFMTV.com. Les symptômes potentiels et les précautions d'usage y sont mentionnées.

Valérie Le Roy assure que le ministère de la Santé s'est montré rassurant quant au risque de diffusion de la rougeole chez les visiteurs du salon agricole. "Ils m'ont précisé que c'était peu probable, à moins de croiser quelqu'un de porteur, ils nous ont par contre demandé de considérer tous nos exposants".

• En Isère, un cluster et au moins un cas grave

L'une de ces contaminations durant le SIA a fini par mener à d'autres infections groupées, un cluster identifié en Isère, comme l'expliquait l'agence de santé locale vendredi 28 mars. "Il y a eu un premier cas, qui a contaminé d'autres cas, dans le cadre d'une chaîne de transmission dans les établissements scolaires", a précisé Anne-Sophie Ronnaux-Baron, responsable du pôle de veille sanitaire à l'ARS locale.

Au total, 18 cas de rougeole y ont été identifiés selon un dernier bilan. Leur origine pourrait être le passage d'une classe du lycée agricole de La Côte-Saint-André au salon parisien. Selon nos informations, au moins une personne a dû être hospitalisée après avoir développé une forme sévère de la maladie.

Pour éviter que la maladie ne se répande trop dans le département, une campagne de rattrapage vaccinal a débuté lundi 31 mars dans la commune. Une quinzaine d'élèves dont le schéma vaccinal n'était pas complet ont pu recevoir la dose immunisante.

"Il n'y a pas d'inquiétude dans les familles", nous assure le maire Joël Gullon.

• Une maladie hautement contagieuse qui gagne du terrain en France et en Europe

En France, les agences de santé ont alerté début mars les professionnels de santé, puis le grand public, sur la multiplication des cas de rougeole alors que "plus de 20% des cas ont été hospitalisés".

La vigilance est de mise puisqu'une personne malade peut en infecter 10 à 20 autres, avec un mode de transmission par gouttelettes semblable à celui du Covid-19.

Rougeole: pourquoi risque-t-on une épidémie en France?
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Santé Publique France a demandé à tous une "vigilance renforcée face à la recrudescence des cas en France et en Europe", puisque plusieurs cas ont notamment été importés de l'étranger.

"Au total, environ 20% sont d’origine importée de 7 pays différents. Depuis le début de l’année, on observe une augmentation notable du nombre de cas importés de rougeole notamment en provenance du Maroc", indiquait SPF le 20 mars dernier.

Aux États-Unis, la rougeole sévit avec plusieurs centaines de cas dans une vingtaine d'États différents. L'épidémie se répand en l'absence d'une couverture vaccinale suffisante.

En France, on estime que la couverture vaccinale n'est que de 90%, alors qu'un taux de 95% est jugé nécessaire pour enrayer les contaminations. Depuis 2018, deux doses de vaccin sont obligatoires avant 18 mois chez le jeune enfant.

Tom Kerkour