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Rougeole: les autorités sanitaires en alerte, les cas ont doublé en début d'année

Un enfant se faisant vacciner contre la rougeole en février 2022.

Un enfant se faisant vacciner contre la rougeole en février 2022. - SAVO PRELEVIC / AFP

Dans un bulletin épidémiologique publié ce jeudi 20 mars, l'agence Santé publique France fait le point sur la circulation en France du virus de la rougeole. Les autorités sanitaires lancent un appel à la vigilance renforcée face à la recrudescence "en France et en Europe".

Pas d'accalmie sur le front sanitaire. Après la grippe, une autre maladie provoque l'inquiétude des autorités sanitaires: la rougeole. Dans un communiqué de presse publié ce jeudi 20 mars, l'agence Santé publique France appelle à une "vigilance renforcée" face à une multiplication des cas en France et dans le reste de l'Europe. Un message similaire avait été adressé aux professionnels de santé et de la petite enfance le 7 mars dernier.

Cette maladie, bénigne dans la grande majorité des cas, se manifeste par de la fatigue, de la fièvre et des plaques de petits boutons très caractéristique. "Au bout de 10 jours, tout peut rentrer dans l'ordre", comme l'expliquait début mars à BFMTV Robert Sebbag infectiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP).

Dans le détail, SPF évoque un doublement des cas recensés en début d'année 2025 par rapport à la même période l'an passé. "Du 1er janvier au 14 mars 2025, 180 cas de rougeole ont été déclarés contre 83 sur la même période en 2024 soit un peu plus du double", recensent les autorités dans un bulletin de situation.

Ces cas sont éparpillés dans 34 départements, avec notamment un arc englobant six départements du sud du pays. "Plus de la moitié des cas déclarés concernait 5 départements, le Nord (55 cas), le Val-d’Oise (15 cas), les Bouches-du-Rhône (13 cas), l’Ain (9cas) et les Alpes-Maritimes (9 cas)", précise SPF.

Sur l'ensemble des cas enregistrés en France ces trois derniers mois, près de la moitié ont été hospitalisés. Un malade sur cinq a connu des complications, dont une encéphalite. Les enfants âgés de moins de quatre ans représentent la moitié des cas.

Des cas importés dans un contexte de recrudescence mondiale

Les cas français ne sont pas isolés. En dézoomant, on observe une situation inquiétante à l'échelle européenne. L'agence de santé publique relève que 20% des cas sur le territoire métropolitain ont été importés de sept pays, dont le Maroc où l'épidémie sévit. Ce sont 41 cas qui ont été ramenés du Maroc depuis le début de l'année, contre 26 sur l'ensemble de 2024.

De l'autre côté de l'Atlantique, la situation n'est guère plus réjouissante. Aux États-Unis, où la maladie était pourtant considérée comme éradiquée en 2000, des centaines de cas se sont récemment déclarés, avec les premiers décès depuis une dizaine d'années.

Un incendie alimenté par une défiance contre la vaccination, portée par le nouveau ministre de la Santé lui-même Robert F. Kennedy Jr ayant fait la promotion de traitements "alternatifs": huile de foie de morue, stéroïdes et antibiotiques.

"Aucun (de ces traitements, NDLR) n'est connu pour être efficace contre la rougeole", précise la revue scientifique Nature.

En France, la vaccination est obligatoire chez les jeunes enfants nés depuis le 1er janvier 2018, avec des ratés liés à la pandémie de Covid-19. Le taux de vaccination chez les adultes, de 18 à 35 ans, reste trop faible (90,4%).

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Selon l'ECDC, l'agence de santé européenne, la forte augmentation des infections est due à un taux de vaccination non optimal. Les enfants de moins d’un an, trop jeunes pour être vaccinés, paient le prix le plus élevé, car l’accumulation de groupes de population non protégés continue de contribuer à la propagation de la rougeole. Près de 90 % des personnes ayant reçu un diagnostic de rougeole en 2024 n’avaient pas été vaccinées.

Tom Kerkour