"Prématuré", "une bonne chose": les syndicats d'enseignants partagés sur la fin du masque à l'école primaire

"Quand ça s'améliore, on peut se permettre d'envisager d'alléger le protocole". Jean-Michel Blanquer s'est réjoui ce mercredi de la décision prise en Conseil des ministres de faire redescendre au niveau 1 du protocole sanitaire les écoles se trouvant dans des départements où le taux d'incidence est de moins de 50 cas pour 100.000 habitants pendant au moins cinq jours d'affilée.
Conséquence première et pour le moins visible: la fin du port du masque, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur pour les élèves des écoles primaires à compter du 4 octobre. Une décision prise "parce qu'on a fait l'analyse de l'évolution de la situation sanitaire et on voit qu'il y a certains départements où la situation s'est beaucoup améliorée", a expliqué le ministre de l'Education qui dit vouloir avancer "avec prudence et progressivement". Ce protocole prévoit toutefois que le masque soit porté en intérieur par le personnel éducatif.
"Ce que nous avions réclamé depuis plusieurs mois"
Progressivement, et localement. Laurent Hoefman en a bien conscience: cet allègement va concerner "une poignée de départements" lors de son entrée en vigueur.
"Il n'empêche que cette mesure est une bonne chose, c'est ce que nous avions réclamé depuis plusieurs mois", explique sur BFMTV le président du syndicat des écoles. "Là on mesure le rapport bénéfice-risque: on considère que le bénéfice est plus important que le risque encouru. Au niveau pédagogique il va de soi que c'est largement souhaitable au niveau des enfants les plus jeunes"
En outre, Laurent Hoefman relève que si la vaccination est encore impossible pour les enfants âgés de moins de 12 ans et donc concernés par cet éventuel assouplissement, celle-ci progresse au sein du personnel enseignant. Selon une enquête Ipsos réalisée du 10 au 16 août 2021, à la demande du ministère de l’Education nationale, 87% des enseignants interrogés avaient reçu à cette date au moins une dose de vaccin.
Un allègement qui en cache d'autres
Elisabeth Allain-Moreno, elle, ne cache pas sa surprise devant ce possible allègement du protocole sanitaire pour les écoles se trouvant dans des territoires où le virus circule moins.
"C'est une annonce qu'on attendait pas aussi rapidement", déclare sur notre antenne la secrétaire nationale SE-Unsa, "même si on peut y comprendre un fondement basé sur la stabilité des indicateurs, cette mesure nous semble assez prématurée."
La syndicaliste, qui reconnaît tout de même que "le port du masque est très compliqué pour les élèves", met aussi l'accent sur les autres levées de restriction permises par le passage au niveau 1 du protocole sanitaire en milieu scolaire: fin du brassage entre élèves et des mesures prises pour la pratique sportive, une moindre désinfection des surfaces les plus fréquemment touchées par les élèves... "C'est tout ces paramètres qu'on regarde", soutient-elle.
Demande d'un avis des autorités sanitaires
Jean-Rémi Girard salue pour sa part la transparence dont fait preuve le gouvernement en conditionnant cette possibilité d'assouplir les restrictions à l'école à une faible circulation virale du Covid-19.
"C'est la première fois qu'on nous donne un indicateur scientifique pour nous dire qu'on passe d'un niveau à l'autre du protocole sanitaire", note le président du syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur, qui en appelle toutefois à un avis des autorités sanitaires sur ce changement alors que l'institut Pasteur avait estimé fin août qu'à partir de l'automne la moitié des nouvelles infections auront lieu chez les enfants car c'est la population qui n'est pas vaccinée.