Covid-19: pourquoi il n'y a pas plus de médecins généralistes volontaires pour vacciner?

Préparation d'une dose AstraZeneca. - Oli SCARFF © 2019 AFP
Il y a les doses qui n'arrivent pas ou plutôt en nombre insuffisant et au terme d'un délai plus ou moins long. Et il y a désormais les doses qui dorment dans les frigos des pharmacies, que les praticiens ne vont pas chercher, eux-mêmes refroidis par les pesanteurs du dispositif retenu.
Selon les chiffres livrés par la Direction générale de la Santé, alors qu'on comptait 29.000 volontaires dans les rangs des médecins généralistes pour administrer le vaccin AstraZeneca à leurs patients il y a une semaine, on n'en recense plus que (très exactement) 19.187 ce lundi. Les médecins de ville sont en effet habilités à injecter le produit AstraZeneca à leurs patients âgés de 50 à 64 ans et souffrant de comorbidités depuis jeudi dernier. Mais c'est peu dire que la chose ne fait pas recette chez eux.
Des contraintes supplémentaires
En cause: les contraintes ajoutant à leur volume de travail. Pour commencer, c'est aux praticiens d'aller chercher les doses. Or, beaucoup ne se sont pas manifestés ou ne se sont pas encore rendu en pharmacie. Ainsi, 200.000 doses restent bloquées dans les chambres froides.
Selon un graphique du Financial Times, construit à partir des données du ministère de la Santé et relayé sur Twitter par un journaliste des Echos, seules 16% des doses AstraZeneca disponibles en France avaient été utilisées avant ce week-end.
La nécessité de faire le trajet entre son cabinet et la pharmacie ne suffit pas à expliquer ce manque d'enthousiasme. Le médecin doit également déclarer le patient à la Sécurité sociale et surtout mener un travail conséquent en amont, comme l'a détaillé le docteur Saïd Ouichou, médecin généraliste à Marseille à France Télévision dans un reportage diffusé dimanche: "Il faut sélectionner les patients, les contacter, les faire venir, ils viennent surcharger notre patientèle".
D'autant qu'une fois qu'ils sont assis en face du praticien, celui-ci doit encore les convaincre et donc possiblement essuyer un refus.
De leur côté, les pharmaciens réclament depuis plusieurs semaines l'autorisation de vacciner dans leur magasin les clients remplissant les conditions fixées. La Haute Autorité de Santé avait d'ailleurs recommandé il y a un mois de la leur accorder en ce qui concerne le vaccin AstraZeneca.
Mais leur heure n'a toujours pas sonné. Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, a ainsi regretté que cette permission demeure suspendue à un décret "toujours pas paru".
