Plus de la moitié des adultes dans le monde seront en surpoids ou obèses d'ici 2050, selon une étude

L'obésité touche désormais plus d'un milliard de personnes dans le monde, selon une étude publiée en mars dans la revue médicale britannique The Lancet - PHILIPPE HUGUEN © 2019 AFP
C'est une spirale mondiale. Sans une action forte et immédiate des gouvernements, une épidémie mondiale inédite de surpoids et d'obésité touchera six adultes sur dix et un enfant et adolescent sur trois d'ici 2050, plombant les systèmes de santé, affirme une étude.
Publiée ce mardi 4 mars dans la revue The Lancet, cette étude qui comprend des données de 204 pays et territoires dans le monde, se base sur les chiffres du Global Burden of Disease, un vaste programme financé par la Fondation Bill & Melinda Gates, visant à compiler les données de santé de la plupart des pays.
Les auteurs estiment que l'inaction des gouvernements face à la crise croissante de l'obésité et du surpoids ces 30 dernières années a entraîné une explosion alarmante du nombre de personnes concernées.
Un milliard de personnes obèses
Entre 1990 et 2021, ce nombre a presque triplé chez les adultes de plus de 25 ans, passant de 731 millions à 2,11 milliards, et plus que doublé chez les enfants et adolescents de 5 à 24 ans, passant de 198 à 493 millions. L'obésité, à elle seule, affecte plus d'un milliard de personnes.
"Sans réforme urgente des politiques et actions concrètes, 60% des adultes soit 3,8 milliards de personnes et près d'un tiers (31%) des enfants et adolescents, soit 746 millions, devraient être en surpoids ou obèses, d'ici 2050" selon l'étude.
Pour faire face à "l'un des plus grands défis sanitaires du XXIe siècle", il convient d'adopter des plans d'action de cinq ans (2025-2030) avec des mesures phares: "réglementer la publicité des aliments ultra-transformés, intégrer des infrastructures sportives et des terrains de jeux dans les écoles, encourager l'allaitement maternel et les régimes alimentaires équilibrés dès la grossesse et développer des politiques de nutrition adaptées à chaque pays", disent ses auteurs.
L'obésité est définie dans les études statistiques par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 chez l’adulte et le surpoids par un IMC supérieur à 25.
Plus de jeunes obèses qu'en surpoids en 2030
"En 2050, un jeune sur trois souffrant d'obésité, soit 130 millions, vivra dans deux régions: l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, suivies par l'Amérique latine et les Caraïbes, avec des conséquences sanitaires, économiques et sociales graves", notent-ils.
L'obésité chez les jeunes devrait bondir de 121% à l'échelle mondiale, avec un total de 360 millions d'enfants et adolescents obèses d'ici 2050. Les premiers touchés, avec une forte hausse attendue dès 2022-2030 à l'échelle mondiale, sont les garçons âgés de 5 à 14 ans: en 2030, on devrait compter dans cette catégorie davantage d'obèses (16,5%) que de jeunes en surpoids (12,9%).
Risque de maladies
Le surpoids et l'obésité prédisposent à la survenue d’autres maladies et diminuent la qualité de vie. Comme l'indique l'assurance maladie sur son site, les personnes en situation de surpoids et d'obésité "présentent un risque plus élevé de développer des maladies cardiovasculaires".
En outre, ces personnes souffrent plus fréquemment de maladies métaboliques comme le diabète de type 2 ou d'autres maladies chroniques. Le surpoids et l'obésité sont également associés à un risque de développer plusieurs cancers, notamment le cancer du sein, de l'ovaire, de l'œsophage, du pancréas, du foie, de rein ou encore de la prostate.
À cela s'ajoute également des complications d'ordre psychologiques. "Les personnes en surpoids ont donc parfois une estime de soi altérée et souffrent de discrimination", écrit à cet égard l'assurance maladie.
Pression sur les systèmes de santé
Cette épidémie d'obésité va aggraver la pression sur les systèmes de santé déjà surchargés, notamment dans les pays à faibles ressources, puisqu'en 2050, près d'un quart des adultes obèses dans le monde devraient avoir 65 ans ou plus.
"La prévention de l'obésité doit être au premier plan des politiques dans les pays à revenu faible et intermédiaire", estime ainsi la Dr Jessica Kerr de l'institut Murdoch de recherche sur les enfants en Australie, l'une des coauteurs principaux de l'étude.
Elle appelle à "un engagement politique beaucoup plus fort" en faveur de "stratégies globales qui améliorent la nutrition, l'activité physique et l'environnement de vie des personnes", jugeant courte la fenêtre d'action.
Forte progression en Asie et en Afrique
Des enfants et des adolescents en surpoids dans une grande partie de l'Europe et de l'Asie du sud doivent faire l'objet de stratégies préventives, tandis qu'une intervention urgente est nécessaire en faveur de nombreuses adolescentes en voie de devenir obèses en Amérique du Nord, Australie, Océanie, Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Amérique latine.
Plus de la moitié des adultes en surpoids ou obèses vivent aujourd'hui dans seulement huit pays: la Chine (402 millions), l'Inde (180 millions), les États-Unis (172 millions), le Brésil (88 millions), la Russie (71 millions), le Mexique (58 millions), l'Indonésie (52 millions) et l'Égypte (41 millions), selon des données de 2021.
C'est en Asie et en Afrique subsaharienne que les progressions les plus fortes devraient être enregistrées dans les prochaines décennies. En Chine, le surpoids et l'obésité ont déjà progressé d'environ 150% en trente ans et continueront à grimper pour affecter près des deux tiers de la population en 2050. Au Nigeria, le nombre d'adultes en surpoids ou en obésité devrait ainsi tripler d’ici à 2050, ce qui en ferait le quatrième pays le plus touché en nombre absolu à cet horizon.
Dans certains États d'Océanie, du Moyen-Orient ou d'Afrique du Nord, la prévalence atteint déjà des sommets: le surpoids et l'obésité touche plus de 87% des hommes au Nauru ou au Koweït et 88% des femmes.