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Santé

Pénurie de médicaments: les ruptures de stock s'aggravent

Le Sinemet, un médicament pour traiter la maladie de Parkinson, est en rupture de stock depuis la fin du mois d’août.

Le Sinemet, un médicament pour traiter la maladie de Parkinson, est en rupture de stock depuis la fin du mois d’août. - Fred Tanneau - AFP

L'indisponibilité de plusieurs vaccins et médicaments inquiète. En 2017, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a reçu 530 signalements pour rupture de stock de traitements ou pour tensions dans l’approvisionnement.

Le nombre de médicaments et vaccins indisponibles en pharmacie et dans les hôpitaux atteint des records inquiétants, révèle ce lundi Le Parisien. En première ligne, les malades de Parkinson tirent la sonnette d'alarme. "Après des épisodes répétés de rupture en début d’année, il est maintenant annoncé une rupture pour une durée de sept mois d’un médicament (Sinemet©, du laboratoire MSD)! D'autres sont à venir, nous le savons!", s’insurge le Collectif Parkinson.

"Nous appelons à une mobilisation massive, au rassemblement pour dénoncer avec colère et inquiétude les ruptures récurrentes de médicaments auxquelles nous sommes confrontés", écrit le collectif sur la page de sa pétition lancée il y a deux semaines.

Mais ils ne sont pas les seuls à subir la pénurie. Les signalements de médicaments en tension ou en rupture de stock ont été multipliés par plus de dix en moins de dix ans. Ils sont passés de 44 en 2008 à 530 l’an dernier, avance le quotidien.

Les anticancéreux représentent une part importante de la liste, notamment le médicament censé empêcher les récidives de cancer de la vessie. Face à ce manque, des patients qui en ont les moyens sont même allés se faire soigner en Suisse.

Risque d'un retour de la tuberculose

Des antibiotiques et vaccins sont également introuvables. "C’est le cas du BCG. On risque donc de voir un retour de la tuberculose dans les milieux défavorisés", indique au Parisien Martial Fraysse, président de l’Ordre des pharmaciens d’Ile-de-France. Des antiépileptiques, des médicaments contre l’hypo ou l’hypertension manquent aussi à l’appel.

Mais pourquoi faisons-nous face à une telle pénurie? La grande majorité des molécules à la base des traitements sont fabriqués aux États-Unis ou en Asie, sur un nombre restreint de sites. Au moindre problème dans une usine, l’approvisionnement en médicaments en pâtit. C’est ce qui se passe depuis la fin du mois d’août avec le Sinemet, utilisé par 45.000 patients atteints de la maladie de Parkinson en France (sur 200.000 malades). Selon l'Agence du médicament, il s'agit de "la plus longue rupture qu'on ait pu avoir pour le Parkinson". Une rupture de stocks prévue jusqu'en mars 2019 du fait de la fermeture de l'usine américaine produisant le médicament pour une mise aux normes.

Améliorer la disponibilité des médicaments

Pour faire face à la pénurie, une mission sénatoriale a rendu un rapport, le 27 septembre dernier, proposant trente mesures pour améliorer la disponibilité des médicaments. Ainsi, les sénateurs proposent d’expérimenter durant cinq ans une exonération fiscale au bénéfice d’entreprises "s’engageant à implanter en France des sites de production de médicaments et substances essentielles".

Une autre proposition suggère "d'ouvrir aux pharmaciens la possibilité de proposer aux patients une substitution thérapeutique d'une spécialité en rupture". Ceci permet au pharmacien, directement confronté à l'indisponibilité d'un remède, de proposer une molécule de substitution. 

Certaines de ces mesures doivent faire l’objet d’amendements au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), examiné au Sénat à partir du 11 novembre.

A.L.