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Santé

Pass sanitaire: le Conseil scientifique met en garde contre un sentiment de fausse sécurité

Le président du Conseil scientifique, Jean-Francois Delfraissy, à Paris le 13 mars 2021

Le président du Conseil scientifique, Jean-Francois Delfraissy, à Paris le 13 mars 2021 - Ludovic Marin © 2019 AFP

Dans son ultime avis estival, l'organisation consultative rappelle que le respect des gestes barrières reste extrêmement important dans la situation actuelle.

Le Conseil scientifique a toujours vu d'un bon œil la mise en place d'un pass sanitaire. Dès juillet dernier, l'organisation consultative donnait un avis favorable au projet de loi concernant la mesure sanitaire, qui sera finalement adopté le 5 août par le Parlement. Quelques jours plus tard, ce même Conseil scientifique soulignait une mise en place "adaptée et proportionnée" du pass en France.

La pass sanitaire, une solution partielle

Dans son dernier avis nommé "Fin de la période estivale et pass sanitaire" publié le 20 août passé et rendu public ce vendredi, ce dernier a une nouvelle fois confirmé que "le pass sanitaire, malgré les réserves légitimes soulevées par nombre d’organisations et citoyens, nous paraît une mesure proportionnée à la gravité de la situation sur un plan de santé publique."

Pour autant, Jean-François Delfraissy et son équipe alertent sur un possible sentiment de fausse sécurité qui serait induit par cette mesure sanitaire.

"Renforcer le contrôle du respect du pass sanitaire voire chercher à atteindre son respect absolu pourrait faussement faire croire à ses utilisateurs qu’ils sont totalement protégés et nous paraît devoir être évité", peut-on ainsi lire.

Le Conseil scientifique va même plus loin dans sa réflexion, assurant que certains lieux publics, bien que soumis au pass sanitaire, ne peuvent être considérés comme entièrement sécurisés.

"La présence dans ces lieux de personnes à haut risque d'infection (les personnes non-vaccinées testées négatives) et le risque d'introduction du virus à partir de personnes vaccinées mais infectées, de ré-infection chez des personnes déjà infectées, de faux-négatifs des tests virologiques, ou d'incubation très rapide chez des sujets testés dans les 72 dernières heures, fait que les lieux soumis au pass sanitaire ne peuvent pas être entièrement considérés comme sécurisés", est-il encore indiqué.

Interrogé à notre antenne à ce sujet, Bruno Lina, professeur de virologie aux Hospices civils de Lyon et membre du Conseil scientifique, confirme que "ce que l’on ne veut pas, c’est que le pass sanitaire devienne un blanc-seing pour arrêter d’utiliser les autres mesures barrière, les autres mesures d’hygiène."

"Ce n’est pas parce qu’on est tous ensemble avec un pass sanitaire qu’il doit absolument être possible de faire tomber le masque, de ne plus faire les mesures d’hygiène. Tout ceci serait une erreur parce qu’avec le variant delta les délais d’incubation sont beaucoup plus courts et, comme on l’a dit dans l’avis, un test à 72 heures peut parfois être pris en défaut si une personne est juste contaminée, il est possible qu’à 72 heures elle commence à excréter du virus et qu’elle soit potentiellement infectieuse", ajoute-t-il.

Ne pas relâcher les gestes barrières

Le Conseil scientifique le répète une nouvelle fois, "il convient de respecter le plus possible les gestes barrières même dans les lieux sous pass sanitaire, en particulier pour les personnes les plus à risque."

Plus tôt dans l'année, ce dernier avait déjà regretté un "relâchement massif" des gestes barrières en France, relâchement confirmé par une enquête CoviPrev menée du 21 au 28 juin, qui montrait que l'adoption d'une distanciation sociale par les sondés était de moins en moins suivie.

Ainsi, 66% des répondants à cette étude affirment se saluer sans se serrer la main et toujours éviter les embrassades, contre 72% selon l'enquête précédente, tandis que 37% d'entre eux déclarent éviter les regroupements en face-à-face avec des proches, contre 43% auparavant.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV