BFMTV
Santé

"On est inquiets": les pharmacologues dépités face à la faible efficacité des anticorps monoclonaux contre Omicron

placeholder video
Avec l'émergence du vairant Omicron, et ses multiples mutations, se pose la question de l'efficacité des traitements existants.

Les espoirs de voir un traitement thérapeutique complémentaire à la vaccination contre le Covid-19 seraient-ils douchés? Selon Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie médicale au CHU de Bordeaux, l'irruption récente du variant Omicron, dont la diffusion à l'échelle mondiale bat des records de vitesse, a rebattu les cartes concernant l'efficacité des traitements médicamenteux contre le Covid-19.

"On a beaucoup de craintes sur leur perte d'efficacité vis-à-vis du variant Omicron. On est inquiets", déplore-t-il sur BFMTV ce mardi.

En cause: les mutations induites par le variant détecté en Afrique du Sud en novembre dernier. "Le problème de ces anticorps monoclonaux, c'est qu’ils ciblent un ou deux sites de la protéine Spike. Et s’il y a 30 mutations sur la protéine Spike, il y a des chances que cela touche le site de fixation de ces anticorps", indique Mathieu Molimard. Autrement dit: les traitements thérapeutiques verraient leur efficacité chuter, alors qu'ils faisaient preuve de performances face au variant Delta.

Ce lundi, une première étude menée par l'Institut Pasteur dévoilait la résistance d'Omicron aux anticorps monoclonaux. Pour rappel, ces traitements thérapeutiques sollicitent les anticorps, bases de notre système immunitaire. Les anticorps monoclonaux, ou "neutralisants", sont les anticorps utilisés en clinique pour prémunir une personne à risque contre les formes graves de la maladie.

De premiers résultats d'études "décevants"

D'autres études semblent conduire à de mêmes conclusions. Le Molnupiravir a obtenu des résultats jugés "décevants" à la suite des tests dont le traitement a fait l'objet. "La Haute autorité de Santé (HAS) n'a pas recommandé une autorisation d'accès précoce parce qu'il faisait 50% [d'efficacité, NDLR] sur la première partie d'étude et 30% sur la seconde. Donc, il n'a rien fait sur cette seconde moitié de l'étude. Nous sommes inquiets sur la pérennité de ce médicament", souffle le pharmacologue.

Le sotromivab, traitement monoclonal autorisé ce jeudi par l'Agence européenne des médicaments, présente quant à lui "un peu d'efficacité" contre le variant Omicron, mais Mathieu Molimard indique que des études, notamment cliniques, doivent être réalisées pour mesurer ce taux de performance précis de ces traitements monoclonaux.

Le pharmacologue au CHU de Bordeaux est toutefois catégorique sur un point: "Les anticorps monoclonaux ne seront jamais un remplacement du vaccin. C'est un pis-aller pour les patients qui sont hospitalisés. Le seul moyen de se sauver du Covid, c'est d'éviter de l'attraper: les gestes barrières et la vaccination", et particulièrement la dose de rappel, qui permet de rehausser le niveau d'anticorps à même contrecarrer les effets des variants Delta et, dans une moindre mesure, Omicron dans l'organisme, martèle-t-il.

Hugo Roux