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Nouvelle vague de Covid-19: pourquoi la 4e dose de vaccin n'est-elle pas ouverte à tous?

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(Photo d'illustration) - AFP

Pour le moment, seuls les plus de 60 ans et les personnes immunodéprimées qui sont éligibles à cette deuxième dose de rappel, car elles sont plus à risque de faire des cas graves.

Devant la hausse du nombre de contaminations au Covid-19 en France depuis un mois, des appels à la vaccination des plus fragiles sont de nouveau passés par les autorités sanitaires. Un quart des personnes éligibles ont reçu leur second rappel vaccinal (aussi appelée 4e dose) contre le Covid, un taux "clairement insuffisant", selon le gouvernement.

Pour l'instant, cette vaccination n'est officiellement ouverte qu'aux plus de 60 ans, et aux personnes sévèrement immunodéprimées, plus susceptibles de faire des cas graves de la maladie. Mais avec la nouvelle vague en cours, la question d'une ouverture de la vaccination à tous se pose.

"Que les Français n'attendent pas qu'il y ait des contraintes pour retourner à la vaccination", lançait l'infectiologue Gilles Pialoux sur notre antenne la semaine dernière.

La priorité donnée aux plus fragiles

"Si quelqu'un souhaite recevoir une quatrième dose alors qu'il n'a pas 60 ans, il peut le faire", déclarait jeudi matin sur France Inter l'infectiologue Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, "mais ce n'est pas l'objectif".

Il souligne que l'important actuellement est de protéger les plus fragiles dans la population française, qui n'ont pas tous reçu de quatrième dose. Parmi les 75 ans et plus, moins de 25% ont reçu cette deuxième injection de rappel note ainsi Covid Tracker. En tout, "plus de 8 millions de personnes [éligibles], aujourd'hui n'ont pas reçu cette quatrième dose" alors qu'il s'agit d'un "impératif pour limiter au maximum les conséquences de cette vague actuelle", déclare Alain Fischer.

Dans un communiqué fin mai, la Haute Autorité de Santé recommandait également, dans un contexte de "reprise épidémique périodique" - comme actuellement - de lancer une "campagne de rappel vaccinal pour les populations à risque". En revanche en cas de scénario pessimiste, soit si un nouveau variant plus virulent entrainait davantage de formes graves, elle conseille une campagne de vaccination "pour la population générale". Elle souligne toutefois toujours la nécessité d'une "priorisation des populations les plus à risque".

Si ce choix est fait, c'est que "chez des personnes plus jeunes ou pas très à risque, le niveau de protection conféré par la vaccination contre les formes graves reste quand même suffisant par rapport à leur risque", explique ce jeudi sur BFMTV l'épidémiologiste Dominique Costagliola.

"Plutôt à l'automne qu'à l'été"

Pour les personnes les plus fragiles il faudrait à l'avenir, selon les données actuelles, "environ une vaccination tous les six mois, sachant qu'une infection déclenche à peu près l'équivalent en terme de protection immune", explique Alain Fischer. "Pour les autres il n'y a pas d'indications pour l'instant en terme de rappel".

Mais, alors qu'une nouvelle vague de contaminations est possible à l'automne, certains médecins pensent que la campagne vaccinale pourrait s'élargir au plus grand nombre à la rentrée. "C'est possible, on ne peut pas le nier", déclarait ce jeudi sur BFMTV Enrique Casalino, infectiologue et directeur médical à l'hôpital Bichat (Paris).

Pour l'épidémiologiste Pascal Crépey, il serait plus intéressant sur le plan de l'immunité d'attendre cet automne pour vacciner le reste de la population.

"Si on s'inscrit dans le temps un peu plus long et que l'on se prépare à cette vague hivernale, étant donné que les vaccins ont une durée d'efficacité contre l'infection limitée, si on veut avoir un impact sur la circulation du virus, il est préférable de vacciner juste avant l'arrivée d'une vague d'une ampleur plus importante, donc plutôt à l'automne qu'à l'été", explique-t-il sur BFMTV.

"La crainte que ça lasse les personnes"

L'épidémiologiste ajoute également que si "les gens se vaccinent aujourd'hui - les personnes non à risque de faire une forme grave - ils ne vont pas avoir envie de se revacciner à l'automne prochain". "Je crois aussi qu'il y a une volonté au fond de ne pas dire c'est tous les six mois pour tout le monde avec la crainte que ça lasse les personnes", abonde Dominique Costagliola.

En attendant cette potentielle future vaccination de la population générale Alain Fischer appelle les personnes non à risque, qui ne seraient pas vaccinées, à recevoir leurs injections car "on sait qu'à l'égard d'Omicron, ne pas avoir eu de rappel cela veut dire zéro protection. Donc au minimum avoir le premier rappel pour tous absolument".

D'après les données de Covid Tracker, 94,4% des Français éligibles ont reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19, 92,9% ont reçu deux doses et 63,9% ont reçu une dose de rappel supplémentaire.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV