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"Notre but c'est diminuer les décès": la Haute autorité de santé justifie sa stratégie vaccinale

Invitée ce lundi matin de BFMTV et RMC, la Pr. Dominique Le Guludec, présidente du collège de la Haute Autorité de Santé (HAS), a concédé que la campagne de vaccination a démarré trop lentement en France. Mais elle ne renie rien de sa stratégie.

La stratégie vaccinale est la bonne mais pas sa logistique. C'est en substance ce que défend ce la professeure Dominique Le Guludec, présidente du collège de la Haute Autorité de Santé (HAS), invitée ce lundi matin sur BMFTV et RMC.

Les critiques sur la campagne de vaccination en France ne cessent de fuser, notamment face à son rythme jugé trop lent par de nombreux responsables scientifiques et politiques, allant même jusqu'à susciter la colère d'Emmanuel Macron en privé. D'autres ne comprennent pas que des personnes souhaitant se faire vacciner, dans un pays ou la défiance face aux vaccins est très élevée, n'en ont pour l'heure pas la possibilité, contrairement à ce qui se fait déjà dans d'autres pays.

Un argument que balaie la présidente de la HAS, entité indépendante qui a été chargée de mettre en place le plan vaccinal, car il reste une inconnue de taille au sujet des vaccins:

"Nous ne savons pas aujourd'hui si ce vaccin empêche de transmettre le virus", rappelle Dominique Le Guludec. "Vacciner les gens non-à risque, l'intérêt c'est d'arrêter la transmission. Or aujourd'hui, nous n'avons pas ces données, nous ne savons absolument pas si ce vaccin protège d'être contagieux."

"Notre but majeur c'est diminuer les décès, c'est de diminuer les hospitalisations"

Pour l'heure, seules les personnes âgées dans les Ehpad et établissements médicaux sociaux (EMS) étaient concernées par le début de la vaccination. Une deuxième étape de la campagne a démarré dès ce week-end, les soignants de plus de 50 ans pouvant désormais recevoir des injections, quand elles sont disponibles.

"Je comprends tout à fait l'impatience", commente la professeure, qui s'étonne aussi du rythme actuel des injections. "Les choses vont venir, mais il faut se rappeler le principe de cette priorisation et pourquoi elle a lieu, c'est extrêmement important", insiste Dominique Le Gudulec. "Les Français doivent savoir que nous travaillons là-dessus depuis juillet. On sait que dans les premiers mois, il n'y a pas de vaccin pour tout le monde. Et quel est notre but majeur? Notre but majeur c'est diminuer les décès, c'est de diminuer les hospitalisations."

Un objectif qui peut s'atteindre en multipliant les vaccinations? Oui, mais "à condition de vacciner les bons", avertit Dominique Le Guludec, justifiant ainsi la stratégie mise en oeuvre: "9 morts sur 10, ce sont des gens de plus 65 ans, et un tiers sont en Ehpad", énumère la responsable. "Si on veut diminuer rapidement les décès et les hospitalisations, il faut vite vacciner ces gens-là."

Pas de vaccinodrome... pour l'instant

Certains pays, comme l'Allemagne, ont mis en place d'importants centres pour se faire vacciner, des vaccinodromes, comme la France en avait déployé lors de la Grippe A en 2009. Une solution jugée prématurée pour la présidente de la Haute autorité de santé.

"Pour démarrer, pour vacciner les plus âgés, les plus fragiles, les plus vulnérables, aller les envoyer faire la queue dans des vaccinodromes ne nous a pas semblé être la meilleure solution, en plein hiver et avec un risque de Covid."

Reste cette lenteur que personne ne semble comprendre et pour laquelle tout le monde se défausse. Alors que la France disposerait actuellement d'au moins 500.000 doses Pfizer/BioNtech, comment expliquer que seulement 500 personnes aient été transfusées en une semaine? "Il faut utiliser toutes les doses qu'on a", martèle la professeure, se défendant de tenir les rênes de tout ce qui relève de la logistique.

https://twitter.com/jmaccaud Jérémy Maccaud Chef d'édition BFMTV