Morts, hospitalisations, consultations... Les chiffres d'une épidémie de grippe inhabituellement sévère

Une infirmière donne des soins à un patient dans un hôpital (illustration) - Jean-Sébastien Evrard - AFP
Un bilan préoccupant. L'épidémie de grippe 2024-2025 a été particulièrement sévère tant en matière de morts que d'hospitalisations, conclut Santé publique France (SPF) ce mercredi 16 avril.
"Au total, l'épidémie de grippe 2024-25 a été marquée par une relative précocité, une durée plus longue que la moyenne et une sévérité importante, dans toutes les classes d'âge, mais particulièrement chez les moins de cinq ans et les plus de 65 ans", rapporte l'agence nationale de santé dans son dernier bulletin hebdomadaire sur les épidémies de la saison.
Elle note en revanche une saison normale pour la bronchiolite chez les bébés et une faible activité du Covid-19 durant la saison hivernale.
• 12 semaines d'épidémie
L'épidémie de grippe a démarré de façon précoce en France métropolitaine cet hiver. Elle a débuté début décembre avant d'atteindre son pic fin janvier et de se terminer à la fin du mois de février.
Au total, l'épidémie a duré douze semaines, alors qu'entre 2011 et 2024, elle durait en moyenne 10 semaines. À noter qu'une période post-épidémique a toutefois duré plusieurs semaines en métropole et que la majorité des régions d'Outre-mer restaient encore frappées début avril.
L'épidémie a de plus été marquée par une "co-circulation à des niveaux élevés des trois virus grippaux saisonniers", A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B/Victoria, note Santé Publique France. "Ce qui est inhabituel".
L'autorité sanitaire relève "plusieurs facteurs" qui ont pu engendrer cette forte circulation de la maladie: la couverture vaccinale insuffisante, la moindre efficacité du vaccin chez les personnes âgées de 65 ans ou plus - particulièrement à risque - ou encore "la forte circulation de la grippe chez les enfants en âge d’être scolarisés au moment des fêtes de fin d’année". Les enfants en bas âge, à risque de développer des formes graves de la grippe, ont probablement davantage contaminé leurs aînés.
• Près de 3 millions de consultations
Le réseau Sentinelles, constitué de plus de 1.200 médecins généralistes libéraux, a estimé que 2,7 millions de consultations pour syndrome grippal avaient été assurées par la médecine de ville. Près de 224.000 actes SOS Médecins pour grippe/syndrome grippal ont aussi été recensés.
Au pic de l'épidémie, à la fin du mois de janvier, les consultations pour grippe/syndrome grippal par SOS Médecins représentaient 27,8% de l’ensemble des actes médicaux tout âge confondu. Une valeur supérieure "au précédent record atteint lors de l’épidémie de grippe 2022-23".
• 29.000 hospitalisations
Les hospitalisations, elles, ont presque atteint le chiffre de 30.000. Début décembre jusqu'à la fin février, plus de 29.100 hospitalisations après un passage aux urgences pour grippe/syndrome grippal ont été enregistrées. 60% concernaient des personnes de 65 ans ou plus, mais la part d'hospitalisation a été particulièrement élevée chez les enfants par rapport aux autres années.
"Le pic d’activité à l’hôpital a été atteint début janvier, avec un niveau d’intensité exceptionnellement élevé dans toutes les classes d’âge", précise SPF.
Le nombre de personnes signalées comme ayant un cas grave de grippe et admises en réanimation est aussi particulièrement élevé. La première semaine de janvier, 273 admissions de la sorte ont été signalées constituant ainsi le pic.
89% des cas graves ont concerné des personnes âgées de 18 ans et plus, dont 86% présentaient "au moins une comorbidité".
"79% des cas pour lesquels le statut vaccinal était renseigné (62%) n’étaient pas vaccinés contre la grippe", note l'agence nationale.
• Près de 5.000 décès
L'épidémie cet hiver a été accompagnée d'un grand nombre de décès, en particulier chez les plus âgés. "L’impact de l’épidémie de grippe 2024-25 a été considérable en termes de mortalité", assure SPF.
S'il est encore trop tôt pour donner un bilan précis en matière de mortalité, on peut relever que 4.925 décès ont été certifiés électroniquement comme étant liés à la grippe, dont 82% concernaient des personnes de 65 ans ou plus. Le pic des décès a été atteint la deuxième semaine de janvier: la grippe représentait "7,3% de l’ensemble des décès déclarés par certificat électronique, valeur la plus élevée enregistrée depuis 2020". Cet indicateur ne donne toutefois qu'une idée partielle de la réalité.
• Seulement 46,5% des personnes à risque vaccinées
À l’issue de la campagne de vaccination contre la grippe, ayant pris fin le 28 février dernier après un début le 15 octobre, 46,5% des personnes à risque ciblées par la vaccination étaient vaccinées, 53,7% des 65 ans ou plus, et 25,3% des moins de 65 ans à risque de grippe sévère.
Ces couvertures vaccinales, stables par rapport à la saison précédente, restent "insuffisantes" aux yeux de Santé publique France.
Le directeur général de la Santé, Grégory Emery, a d'ailleurs appelé ce vendredi 11 avril les pharmaciens à "se mobiliser pour assurer un approvisionnement adéquat" de vaccins contre la grippe pour la prochaine campagne de vaccination. Afin de ne pas rencontrer les mêmes "difficultés d’approvisionnement et de répartition des doses sur le territoire" que l'hiver dernier.