Maladies, prolifération et traitements.... Trois questions sur les dangers du moustique tigre

Il n'en finit plus de se répandre dans l'Hexagone. Avec neuf nouveaux départements en vigilance rouge en 2019, le moustique tigre ou Aedes albopictus est désormais "implanté et actif" dans 51 départements français. Et depuis 2017, le nombre de moustiques tigres a augmenté de 42%. Capable de transmettre des maladies, il est particulièrement surveillé par les autorités sanitaires. On répond à trois questions sur la prolifération de cet insecte.
Quelles sont les maladies transmises par le moustique tigre?
Le moustique tigre est capable de transmettre le paludisme, la fièvre jaune, la dengue, le chikungunya ou encore le virus West Nile, selon le site de l'Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranée.
Le moustique tigre, qui n'est pas porteur lui-même de ces virus, ne les transmet que s'il pique au préalable une personne infectée. Ces maladies ne circulant actuellement pas en France métropolitaine, le risque provient des nombreux échanges avec des zones touchées par ces virus, y compris les départements français d'outre-mer. Cela fait craindre l'apparition de cas autochtones, c'est-à-dire des personnes piquées et contaminées en métropole, expliquait la Direction Générale de la Santé en 2018.
Depuis 2010, le ministère de la Santé n'a recensé que des cas de personnes atteintes par la dengue, le chikungunya ou le virus West Nile. En 2018, huit cas de dengue ont ainsi été détectés dans le Gard, l'Hérault et les Alpes-Maritimes, selon les auorités. La même année, 27 cas du virus West Nile ont également été rapportés dans tout le sud de la France. En 2017, le chikungunya avait pour sa part touché 17 personnes dans le Var.
D'habitude bénignes, ces maladies peuvent être mortelles dans de rares cas, notamment chez les enfants en bas âges, les personnes âgées ou les personnes fragiles. Le virus Zika peut aussi entraîner des risques d'augmentation de syndromes neurologiques, dont une recrudescence de syndromes de Guillain-Barré et des malformations congénitales.
Quels traitements existent-ils contre le moustique tigre?
- Un important réseau de surveillance a été développé au cours des dernières années pour surveiller l'évolution du moustique tigre. Malheureusement, il n'existe aucun traitement préventif. La meilleure solution reste donc de vider régulièrement les points d'eau stagnante où les moustiques femelles viennent pondre leurs œufs. Pots de fleurs, arrosoirs, fûts... Les gîtes larvaires sont multiples.
Il est également possible pour les autorités de mener des opérations ponctuelles ciblées en milieu naturel, pour lutter contre les larves. Mais l'efficacité de l'insecticide utilisé, le Bti, "un bio insecticide très sélectif à l’égard de la faune non cible" dépend, en particulier, de la capacité des larves à l’avaler", écrit l'EID-Méditerranée sur son site.
Par ailleurs, lorsqu'un individu est infecté, les autorités mènent une opération de démoustication pour prévenir tout risque de début d'épidémie. Le traitement est appliqué sur zone restreinte, "dans un rayon d’environ 150 mètres à partir de la résidence où a séjourné le cas "suspect'", "compte tenu des faibles capacités de dispersion des Aedes albopictus".
Cependant, il est impossible d'imaginer un traitement à grande échelle. Les gîtes larvaires sont trop nombreux, trop espacés et aléatoires. Une telle opération nécessiterait une quantité bien trop importante d'insecticides, d’autant que le produit utilisé pour lutter contre les moustiques tigres adultes est un insecticide classique utilisé dans le monde agricole qui n’est pas sélectif et détruirait tous les insectes exposés, sans exception.
"Le moustique tigre est 10 fois plus sensible que les insectes en milieu agricole", nous expliquait en 2018 Gilles Besnard, entomologiste à l’EID de Rhône-Alpes. "Mais il faut les utiliser au minimum contre cette espèce pour qu’il n’y ait jamais de résistance. C’est un phénomène qui apparaît chez tous les insectes après des traitements répétés trop souvent".
Que puis-je faire pour me protéger ?
Au risque de se répéter, vider et remplacer les eaux stagnantes régulièrement reste la principale mesure pour lutter contre la prolifération de moustiques tigres. "Il suffit de laisser quelques maisons dans un quartier avec de nombreux bidons ou seaux avec de l’eau pour infester tout le quartier", prévient Gilles Besnard.
Pour éviter de se faire piquer, comme pour tous les autres moustiques ou insectes, les mêmes règles s'appliquent: installer des moustiquaires, veiller à ventiler pour éloigner les insectes, appliquer un répulsif sur la peau, ou encore utiliser des pièges...
Pour les personnes infectées ou qui présentent des symptômes suspects, ces règles doivent s'appliquer avec encore plus de précaution. Il est également conseillé de porter des vêtements clairs, amples et long, de limiter ses activités à l'extérieur en journée, et de mettre des prises anti-moustiques dans la pièce de vie durant la journée et la nuit dans la chambre.