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"La prudence aurait voulu que l'on décale": l'infectiologue Gilles Pialoux s'inquiète de la levée du port du masque à l'école

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Malgré l'embellie sanitaire actuelle, "on ne sait pas ce qu'il va se passer dans 15 jours ou trois semaines", a rappelé l'infecitologue.

A partir de lundi prochain, le port du masque ne sera plus obligatoire à l'école primaire dans 68 départements. Cette levée de restriction est déjà active dans 47 départements depuis lundi dernier, mais pour Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon, "la prudence aurait voulu que l'on décale" cet assouplissement de la règle.

S'il note "l'embellie actuelle, l'accalmie, il y a une incertitude de ce qu'il y aura derrière", a-t-il expliqué ce jeudi sur BFMTV/RMC. "On ne sait pas ce qu'il va se passer dans 15 jours ou trois semaines, la prudence aurait voulu que l'on décale", déclare-t-il, rappelant que c'est ce qu'avait demandé le conseil scientifique.

"On ne sait pas comment circule le virus" à l'école

Les restrictions sanitaires dans les écoles sont, depuis le début de la crise Covid, clivantes. Certains professionnels de santé mettent en avant le fait que le retrait du masque dans les établissements scolaires est bénéfique au niveau psychologique et pédagogique pour les enfants. Tandis que d'autres pointent du doigt les risques sanitaires liés à cette levée de restrictions dans les écoles, lieux de brassage de population.

Pour Gilles Pialoux, s'il explique sur notre antenne entendre "les plaintes", la littérature scientifique ne permet pas selon lui de trancher en faveur de la levée de lo'bligation du port du masque.

"Il n'y a pas une étude scientifique digne de ce nom qui montre l'effet délétère du masque chez l'enfant. Alors j'entends les psychologues les parents, les associations de parents d'élèves, mais on n'est pas dans la science, on est dans le ressenti", explique-t-il.

De plus, "en tant que médecin je suis surpris que l'on prenne des décisions en milieu scolaire sans savoir comment circule le virus à l'intérieur du milieu scolaire, parce qu'on ne le sait pas", déclare-t-il. Il pointe au passage du doigt les très faibles campagnes de dépistage dans les écoles "donc on ne sait pas comment circule le virus".

"Pourquoi passer par l'expérimentation?"

Lui est partisan de la généralisation au niveau national des mesures proposées par le conseil scientifique qui avait proposé mi-septembre de tester systématiquement et de façon hebdomadaire les élèves d'école primaire et de n'isoler que les cas positifs au Covid-19. Le gouvernement teste actuellement ce système sur plusieurs départements.

"Pourquoi passer par l'expérimentation?", interroge Gilles Pialoux.

"Cela a été démontré, il y a eu des modélisations qui montrent que quand vous avez un système de dépistage des enfants par un test salivaire deux fois par semaine, vous ne fermez quasiment pas de classes." Pour lui il ne s'agit donc pas d'une décision scientifique, "c'est une décision politique".

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV