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J'ARRÊTE LE SUCRE #1 - Pourquoi le sucre et moi, c'est fini

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - Loïc Venance-AFP / Kevin Delamourd-BFMTV

J'ARRÊTE LE SUCRE #1 - Chaque Français consomme en moyenne 100 grammes de sucre par jour en France, soit quatre fois plus que les recommandations de l'OMS. Pour moi aussi, et depuis des années, le compteur est largement dépassé. Une consommation qui n'est pas sans effet sur la santé. C'est donc décidé, j'arrête le sucre. Je vais vous raconter sur BFMTV.com cette expérience.

>> Cet article est l'épisode 1 de notre série "J'arrête le sucre"

Combien de morceaux de sucres pensez-vous avaler chaque jour? Quatre, huit, douze? En réalité, bien plus. Un pain au chocolat ou des céréales au petit-déjeuner: comptez trois morceaux de sucre. Une canette de soda à midi: ajoutez-en sept. Un yaourt aux fruits ou une compote en dessert: additionnez deux sucres. Un petit-beurre pour le goûter: pour chaque biscuit, comptez un morceau supplémentaire. Au total, sur une journée, l'addition peut vite devenir très, voire trop lourde.

Aujourd'hui, chaque Français consomme en moyenne 35 kilos de sucre par an. Soit à peu près 100 grammes par jour, ce qui équivaut à un peu plus de 16 morceaux de sucre. Pourtant, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de réduire cette consommation de sucres libres -c'est-à-dire ajoutés par le fabricant, le cuisinier ou le consommateur, ainsi que les sucres naturellement présents dans le miel, les sirops (du type d'agave ou d'érable) et les jus de fruits- à 25 grammes quotidiens, soit quatre fois moins. 

Moi aussi, je dépasse régulièrement ces limites. Il faut dire que les sucres se cachent bien souvent là où on ne les imagine pas. Je me lance donc un défi: j'arrête le sucre. Et je vais vous raconter ici cette expérience. Mes astuces, mes difficultés... vous pourrez suivre sur BFMTV.com ces prochaines semaines (ainsi que sur mon compte Twitter) ce difficile parcours de désintoxication. 

"La plupart des sucres sont dissimulés", selon l'OMS

L'OMS dénonce donc aussi des sucres cachés. "La plupart des sucres consommés aujourd'hui sont dissimulés dans des aliments transformés qui ne sont généralement pas considérés comme sucrés." Car le sucre se glisse bien souvent là où on ne l'attend pas. "En étant mauvaise langue, je dirai qu'il y en a partout", dénonce pour BFMTV Stéfane Guilbaud, formateur en changement de comportements alimentaires et auteur de Je ne mange pas de produits industriels.

"Le sucre apporte du corps à des matières premières non nobles. C'est l'élément fondamental pour masquer un manque initial de qualité, tout cela dans une logique de produits ultra-transformés. Il y a une surenchère permanente. On est endormi, ankylosé par le sucre."

Marion Thelliez, naturopathe et auteure de Je me libère du sucre, est du même avis. "On trouve du sucre dans la plupart des produits industriels, pointe-t-elle pour BFMTV. Il faut que ça parle aux papilles: le sucre rend les produits meilleurs au goût." 

"On en trouve dans la sauce tomate, les carottes râpées, le jambon, les conserves de légumes, la vinaigrette, les produits de panification, remarque pour BFMTV Anthony Berthou, nutritionniste spécialisé en micronutrition. C'est un stabilisateur, un conservateur et un exhausteur de goût. Le sucre adoucit l'acidité de certains aliments afin de les rendre neutres."

7 sucres dans un dessert meringué

Sur les étiquettes, vous pouvez retrouver les membres de la grande famille des glucides sous des dizaines de noms différents, qu'il s'agisse d'un sucre naturel -comme le fructose et le glucose issus des fruits, le saccharose de la canne à sucre et de la betterave, ou le lactose du lait- ou d'un des nombreux édulcorants naturels -comme la stévia ou le sirop d'agave- ou de synthèse -comme l'aspartame, la saccharine, le cyclamate, l'acésulfame-K, le sucralose, les polyols, l'isomalt ou encore le sirop de glucose-fructose, également appelé isoglucose ou sirop de maïs.

Dans un même produit, il est ainsi possible de tomber sur différents glucides et plusieurs édulcorants. À l'exemple d'un dessert glacé meringué à la vanille, qui contient sucre, sirop de glucose, lactose et maltodextrine, pour un total de sept morceaux de sucre par portion. Ce qui fait des glucides l'ingrédient principal. 

Pour moi, jeune femme née au milieu des années 1980, le sucre a toujours été un pilier de mon alimentation. Mon enfance et mon adolescence ont été bercées au petit-déjeuner de bols de céréales (3 sucres + les 2 du chocolat au lait), viennoiserie à la récréation du matin (2 par croissant), yaourt aromatisé au dessert (2 sucres), tranches de baguette tartinées de pâte chocolatée au goûter (un peu plus de 5 sucres pour une portion de 60 grammes de baguette et un demi-sucre par cuillère à café de pâte à tartiner), sans compter les extras du type barres chocolatées (3 sucres supplémentaires).

Si ces chiffres semblent ahurissants, ils n'ont pourtant rien d'exceptionnel: nombre d'adolescents de ma génération et d'aujourd'hui absorbent la même chose du lever au coucher. Une bombe glucidique à retardement.

"On est encore dans une phase de déni"

"L'épidémie mondiale d'obésité et de diabète, on sait d'où ça vient", s'inquiète pour BFMTV Serge Ahmed, directeur de recherches au CNRS à l'Université de Bordeaux. Ce dernier a piloté en 2007 une étude sur le potentiel addictif du sucre chez le rat. Et selon ce chercheur, il s'agit d'une drogue encore plus addictive que la cocaïne. "Une drogue agit sur le cerveau et pousse à répéter la consommation de cette substance. C'est le cas du saccharose, qui provoque un flash activant le circuit de la récompense." Pour ce spécialiste, les consommateurs ne sont même plus libres dans leur choix d'aliments, influencés qu'ils sont par cette addiction.

"Notre alimentation est complètement déstructurée", renchérit Stéfane Guilbaud. Le sucre, à l'origine un condiment, fait désormais partie de nos habitudes. "On ne se rend même plus compte qu'il est tout le temps dans notre assiette." 

Un Français sur deux en surpoids

Consommer trop de sucres peut pourtant entraîner sur le long terme toute une série de réactions en chaîne: cholestérol, diabète, dérèglement du microbiote, maladies cardio-vasculaires, obésité. Jusqu'au syndrome métabolique, un dérèglement complet de l'organisme qui cumule différentes pathologies. Il s'illustre par plusieurs facteurs, dont une surcharge de graisses abdominales -un tour de taille supérieur à 94 cm pour les hommes, 80 cm pour les femmes- de l'hypertension artérielle, un faible taux de bon cholestérol et/ou un taux élevé de triglycérides.

Autre inquiétude: le développement des stéatohépatites non alcooliques, c'est-à-dire l'accumulation de graisse dans le foie sans pour autant avoir bu de l'alcool, qui peut conduire à une cirrhose ou un cancer. Le nombre de personnes malades est voué à augmenter dans les prochaines années, conséquence de la hausse du nombre de personnes en surpoids. Aujourd'hui, près d'un Français sur deux est en excès de poids tandis que l'obésité globale approche les 16%.

J'ai donc décidé de ne plus manger de sucre. Mais que l'on s'entende bien sur ces sucres: pas question de retirer les glucides présents naturellement dans les produits bruts, comme les fruits, les céréales complètes, les légumineuses, les légumes secs et les produits laitiers nature, carburants de notre cerveau, de nos cellules et de nos muscles.

Mais fini gâteaux et plats industriels, pain blanc, sauces toutes prêtes, céréales du matin, entremets, la plupart des chocolats et même la confiture, qui regorgent de sucres et d'édulcorants dont je n'ai pas besoin. Le sevrage promet d'être douloureux, mais bénéfique.

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https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV