INFOGRAPHIES. Covid-19: le virus touche-t-il vraiment plus les "jeunes" depuis le déconfinement?

Les "jeunes", à l'origine de la hausse des cas de Covid-19 en France? - BFMTV
Fête de la Musique, manifestations politiques, tournois "illégaux" de football, free-party... Depuis le déconfinement, les "jeunes" ont souvent été pointés du doigt par les responsables politiques pour leur mépris des gestes barrières, certains flagrants, d'autres moins.
Si d'autres rassemblements transgénérationnels ont réuni des milliers de personnes (les spectacles du Puy du Fou, le concert de The Avener à Nice...), les adolescents, les jeunes adultes et les trentenaires sont régulièrements critiqués et considérés comme les principaux vecteurs de l'épidémie de Covid-19. Cette semaine, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) les a également désignés comme partiellement responsables de l'augmentation du nombre de cas.
"Les jeunes doivent aussi prendre conscience qu’ils ont une responsabilité”, a dit Mike Ryan, responsable des urgences à l’OMS. "Posez-vous cette question: ai-je vraiment besoin d’aller à cette fête?"
Que disent les chiffres?
Est-ce que ces accusations sont justifiées? Si on regarde les chiffres de Santé Publique France depuis le déconfinement, le nombre de tests positifs paraît en effet bien plus important chez les "jeunes", particulièrement ces dernières semaines.
L'infographie ci-dessous rassemble l'ensemble des tests virologiques Covid-19 menés depuis le 13 mai. En regardant classe d'âge par classe d'âge, on constate rapidement que les personnes âgées de 20 à 40 ans sont les plus représentées parmi les dépistages positifs.
Attention cependant avec cet indicateur. Dejà, les capacités de tests ont fortement augmenté ces dernières semaines, ce qui gonfle mathématiquement le nombre de tests positifs. De plus, selon Jean-Stéphane Dhersin, spécialiste de la modélisation des épidémies, au CNRS, "il y a un petit biais avec les tests":
"Si on testait au hasard dans la population, ce critère serait plus fiable, mais ce n'est pas le cas. Là, les seules personnes qui se font dépister sont celles qui ont des symptômes, qui croient en avoir ou ont été de près ou de loin en contact avec une personne contaminée. Donc il y a forcément des cas qu'on ne voit pas."
Le chercheur rappelle tout de même que "si on passe de 1000 cas par jour à plus de 3000, cela n'est pas bon signe et il faut s'inquiéter" - peu importe que le chiffre soit légèrement biaisé.
Un taux de positivité bien plus haut chez les "jeunes"
D'autant que le taux de positivité augmente lui aussi. Mercredi 12 août, près de 5% des tests réalisés chez les 20-29 ans étaient positifs. Un taux de positivité largement supérieur à celui des quinquagénaires et des seniors, comme le montre l'infographie ci-dessous.
Toutes les catégories d'âges sont cependant concernées par cette hausse du taux de positivité. Signe que le virus circule plus activement ces dernières semaines dans l'ensemble de la population.
Le taux de positivité augmente dans toute la population, mais plus rapidement chez les jeunes
Il n'empêche qu'à la mi-mai, au tout début du déconfinement, le taux de positivité des 70-79 ans était légèrement supérieur à celui des 20-29 ans (2,2% contre 2,1%). Depuis, la tendance s'est complètement inversée, comme le montre les courbes ci-dessous.
Par défaut, l'infographie compare les 20-29 ans et les 70-79 ans. Pour analyser d'autres classes d'âges, cliquez sur le menu déroulant juste en dessous des courbes et choissisez les catégories de populations qui vous intéressent.
Cette circulation active du virus chez les "jeunes", bien qu'elle soit préoccupante, ne se traduit pas pour le moment par une hausse des cas graves, qui reste l'indicateur le plus fiable selon le mathématicien Jean-Stéphane Dhersin:
"En ce moment, le virus touche plus les jeunes. Ces gens sont rarement hospitalisés. On ne peut pas non plus raisonner avec le nombre de morts pour cette catégorie de population. Donc on fait avec ce qu'on a: le nombre de tests positifs, même si cet indicateur est un petit peu biaisé."
Le nombre de cas graves beaucoup plus élevé chez les personnes âgées
Depuis deux mois, le nombre de décès et d'hospitalisations reste au plus bas chez les personnes âgées de moins de 50 ans. Depuis le 15 juin, 34 personnes de cette classe d'âge sont mortes, dont 20 quadragénaires. Sur la même période, on compte au moins 845 décès chez les plus de 50 ans.