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"Forcément une petite appréhension": un député français se porte volontaire pour tester un vaccin

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Hervé Saulignac, député PS de l'Ardèche, s'est inscrit sur la plateforme de l'Inserm. L'institut recherchait 25.000 volontaires pour tester un ou plusieurs vaccins contre le Covid-19.

Parmi les 35.000 personnes à s'être portées volontaires sur la plateforme de l'Inserm afin de tester un vaccin contre le Covid-19 se trouve un parlementaire français: Hervé Saulignac. Le député de l'Ardèche, étiqueté Parti socialiste (PS), raconte sur BFMTV les dessous de son choix.

"C'est un engagement citoyen personnel avant d'être lié à mes fonctions de député", explique Hervé Saulignac ce vendredi. "Je considère qu'aujourd'hui l'ensemble des Français doit être protégé contre ce virus et on ne peut pas exiger de la puissance publique qu'elle nous protège, notamment par un vaccin, et puis aller se planquer quand la recherche française réclame des volontaires", a-t-il poursuivi.

A ce jour, 10 vaccins se trouvent en phase 3 dans le monde. Lundi, l'alliance germano-américaine Pfizer-BioNtech a annoncé que le vaccin qu'elle développait, qui se trouve parmi les 10 précités, avait une efficacité de 90%.

"Tout le monde est admissible"

Pour se porter candidat, Hervé Saulignac a dû remplir un petit questionnaire sur ses données de santé. Le but est de constituer un panel le plus représentatif possible de la société française. "Par définition, presque tout le monde est admissible", a souligné le député, précisant que les femmes souhaitant avoir des enfants à l'avenir faisaient exception.

"Quand on est volontaire on peut recevoir un test à faible dose, un test à forte dose ou un placebo et on ne sait même pas quelle est l'injection que l'on a reçue. On le sait ultérieurement, à peu près douze mois après avoir reçu l'injection", détaille-t-il.

Pour l'heure, Hervé Saulignac n'a pas été appelé, "parce que le vaccin n'en est qu'à sa phase 1". Les essais sur des personnes ne sont effectués que durant les deuxième et troisième phases.

"Seulement 90 volontaires ont été appelés" pour l'heure, ajoute-t-il, prévoyant de l'être "dans les semaines ou mois qui viennent".

"Forcément une petite appréhension"

Hervé Saulignac concède toutefois "forcément une petite appréhension", bien qu'il la juge plus forte au sein de son entourage proche.

"Je fais ça parce que je crois qu'il y a dans ce pays une immense défiance à l'égard de nos institutions, à l'égard de celles que je représente, mais aussi à l'égard de la recherche et de la science", poursuit le député.

Un récent sondage indiquait que seuls 54% des Français envisageaient de se faire vacciner contre le Covid-19 si d'aventure un vaccin était mis sur le marché. Pour Hervé Saulignac, cela met en évidence "un lien très direct avec la défiance qu'il y a à l'égard de la parole des pouvoirs publics, à l'égard des institutions":

"Je constate tous les jours que le complotisme avance à grand pas et donc je pense qu'il est extrêmement important de se mobiliser pour crédibiliser la recherche et redonner du crédit à ces institutions qui en ont perdu."

Quant à savoir si sa décision avait fait boule de neige à l'Assemblée nationale, "à (sa) connaissance", il est pour l'instant le seul député à avoir sauté le pas.

"Naïvement, j'ai pensé que certains emboîteraient le pas, ça n'a pas été le cas", regrette Hervé Saulignac.
Hugues Garnier et Clarisse Martin