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Santé

Fatigue, déprime: les effets néfastes du changement d'heure sur notre santé et comment s'en prémunir

Une photo prise le 5 février 2020 montre l'horloge de l'hôtel de ville de Tours, dans le centre de la France.

Une photo prise le 5 février 2020 montre l'horloge de l'hôtel de ville de Tours, dans le centre de la France. - GUILLAUME SOUVANT / AFP

Dans la nuit du samedi 29 à ce dimanche 30 mars, la France est passée à l'heure d'été. Un changement important pour notre horloge biologique, qui peut aussi avoir des effets néfastes sur la santé, alerte l'Inserm.

Fatigue, sommeil difficile, moral dans les chaussettes... Dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 mars, les Français sont passés à l'heure d'été. À 2 heures du matin, il était en réalité 3 heures et les effets du changement d'heure pourront alors se faire ressentir.

Instauré en 1975, ce dispositif avait à l'origine pour objectif d'économiser de l'énergie en faisant correspondre les heures d’activités quotidiennes aux heures d’ensoleillement et réduire ainsi le temps d'éclairage artificiel le soir.

Si pour la plupart des gens, le changement d’heure n'a pas d'incidence sur le quotidien, plusieurs études scientifiques ont démontré qu'il affecte notre horloge biologique et entraîne ainsi des effets non-négligeables sur notre santé.

Troubles de l'horloge biologique

Parmi les conséquences délétères du changement d'heure, on retrouve notamment les troubles du sommeil, la fatigue et les changements d'humeur. L'Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) note par ailleurs, une augmentation du nombre d'accidents de voiture, d'infarctus du myocarde et d'états dépressifs. Alors, comment expliquer l'impact du changement d'heure sur notre santé?

Qu'il s'agisse du passage à l’heure d’été ou d’hiver, le changement d'heure induit systématiquement un décalage d'une heure par rapport à notre horloge biologique, appelé système circadien.

Concrètement, presque toutes les fonctions de l’organisme sont soumises au rythme circadien, c’est-à-dire à un cycle de 24 heures. Ainsi, perturber ce rythme peut avoir des conséquences aussi bien sur le sommeil que sur le métabolisme, le fonctionnement du système cardiovasculaire ou du système immunitaire.

D'ailleurs, nous ne sommes pas tous égaux face au changement d'heure. "Les petits enfants et les personnes âgées ont plus de risques de ressentir des effets négatifs, mais c’est aussi le cas des adolescents, des travailleurs de nuit, et de tous ceux souffrant d’un trouble du sommeil", pointe l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

L'heure d'hiver vs l'heure d'été

Selon l'Inserm, le changement d'heure n'a pas le même impact sur l'organisme s'il s'agit du passage à l'heure d'hiver ou du passage à l'heure d'été. Ce dernier serait plus compliqué à supporter compte tenu de la perte d’une heure de sommeil et du fait que l’horloge biologique doit être avancée d’une heure.

Les effets du passage à l’heure d’été seraient d'autant plus accentués par le manque général de sommeil de la population française qui est estimé à 60 minutes par jour selon le baromètre 2022 de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance.

Autre difficulté, rappelle l'Inserm, au cours de la journée, nous accumulons généralement un retard de 10 minutes sur notre cycle de 24 heures. Or, de fait, le passage à l'heure d'été demande à notre organisme d’avancer son rythme d’une heure, ce qui accentue encore les efforts faits par notre corps pour tenter de rattraper son retard et provoque de facto un état de fatigue générale.

Pour "l'heure d'hiver permanente"

En 2019, la Commission européenne avait proposé une directive devant mettre fin aux changements d’heure saisonniers. Le texte prévoyait que chaque État membre de l'Union européenne décide s'il veut rester de façon permanente à l'heure d'été ou à l'heure d'hiver.

56% des citoyens européens se disaient favorables à “l’heure d’été permanente”, quand 32% disaient préférer celle d’hiver. Au vu de ces résultats, la communauté scientifique appelle toutefois à la prudence.

"Si on en venait à maintenir l’heure d’été toute l’année, le réveil en hiver et le coucher en été seraient en effet plus difficiles", alerte l'Inserm.

"Le jour le plus court de l’année, le 21 décembre, le soleil se lèverait à Paris à 9h41, au lieu de 8h41 (heure d’hiver ndlr)", poursuit l'Institut. Or, "un lever du soleil très tardif en cette saison hivernale aurait un impact néfaste sur la santé des Français".

Exposition à la lumière et sport conseillés

Des travaux du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon ont prouvé l’importance de l’exposition à la lumière sur le cycle circadien. Une dose quotidienne de soleil à des heures précises comme le réveil, par exemple, améliorerait le sommeil, la sécrétion de la mélatonine, le réflexe pupillaire, l’activité cérébrale ou encore la température et le système cardiovasculaire.

Dès lors, il serait préférable pour les scientifiques de maintenir l'heure d'hiver. "Le coucher du soleil aurait lieu en moyenne 4 heures plus tard en été qu’en hiver, au lieu de 3 heures avec le changement d’heure actuel, et induirait un coucher plus précoce et un sommeil plus long qui seraient bénéfiques à notre santé", assure l'Inserm.

Pour réduire les effets du changement d'heure, l'Institut National du sommeil et de la vigilance recommande de respecter son rythme de sommeil, de s'exposer le matin à la lumière du jour, de pratiquer une activité physique régulière et de privilégier une activité calme le soir.

Orlane Edouard