Face à un éventuel reconfinement, les appels à la désobéissance civile se multiplient

Lors du premier confinement. - Martin Bureau - AFP
"Le risque, en refermant le pays, c'est la désobéissance civile de certains." Alors que l'exécutif n'a pas encore tranché sur un nouveau confinement en France, qui serait le troisième depuis le début de la pandémie, l'idée même de remettre le pays sous cloche inquiète dans l'entourage d'Emmanuel Macron. Auprès du Parisien, l'ancien ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'alarme du "terrain glissant" d'une telle décision au point de vue politique.
Il semble d'ailleurs que cette acceptabilité de la part des Français, en plus d'arguments sanitaires et socio-économiques forts, soit l'une des raisons pour lesquelles le gouvernement rechigne encore à décréter un nouveau confinement, pourtant voulu par une large majorité du monde scientifique. Selon le dernier sondage réalisé par l'institut Elabe pour BFMTV, seuls 48% des Français sont favorables à un confinement strict comme au printemps, tandis que la confiance envers l'exécutif s'étiole peu à peu.
Pour l'heure, l'exécutif semble vouloir repousser le confinement, faute de chiffres qui en démontrent la nécessité. "Il faut qu'on soit tous très lucides sur l’acceptabilité en baisse", justifie un ministre.
La défiance des restaurateurs
Et l'enjeu semble de taille, tant la défiance semble de plus en plus grande au sein même de la population française. Parmi les Français les plus touchés par l'ensemble des restrictions mises en place ces derniers mois: les restaurateurs et professionnels de l'hôtellerie dont certains n'hésitent plus à appeler à cette désobéissance civile.
C'est le cas de Stéphane Turillon, restaurateur à Cusance dans le Doubs, qui appelle l'ensemble de ses collègues à rouvrir leurs portes le 1er février prochain. Après un coup de gueule posté sur les réseaux sociaux visionné plusieurs milliers de fois, dans lequel il a directement invectivé Emmanuel Macron, Stéphane Turillon a fait le tour des plateaux afin d'expliquer son point de vue.
"Par défiance, je vais ouvrir mon restaurant. (...) Hôteliers, restaurateurs, bars, discothèques, ouvrez tous en même temps. [...] Je me sens trompé, la colère monte", a-t-il expliqué sur RMC. Lors de cette même intervention, le restaurateur affirme avoir reçu plusieurs milliers de réservations depuis son intervention.
L'appel du 1er février
Sur les réseaux sociaux, la date du 1er février a d'ailleurs fait écho. Sur Facebook, un groupe nommé "Les restaurateurs ouvert (sic) le 1er février 2021", composé uniquement de professionnels de la restauration, regroupe près de 3000 membres. Plusieurs événements du même type sont également proposés, dont certains appellent à respecter les gestes barrières.
"Le 1er février, nous irons manger dans le resto ouvert de notre choix. En respectant les gestes barrières, en passant un bon moment et en retrouvant notre humanité", peut-on lire en préambule d'un rendez-vous appellé "Le 1er février, je vais manger au resto."
Sur Twitter cette fois-ci, les appels à la défiance sont accompagnés du hashtag #JeNeMeConfineraiPas, qui connait ces derniers jours un impressionnant rebond avec plus de 40.000 messages depuis vendredi 22 janvier. Accompagnés de vives critiques contre le gouvernement, ces messages d'internautes détaillent les raisons pour lesquelles ils ne respecteront pas le nouveau confinement s'il venait à être décrété ces prochains jours.
Cet appel est également repris par plusieurs personnalités politiques dont le leader des Patriotes, l'ancien bras-droit de Marine Le Pen Florian Philippot, qui de son côté estime que "face à cette mascarade, notre réponse doit être sans nuances, elle: Liberté!" Ancien candidat à la primaire de droite dans le cadre de l'élection présidentielle de 2017, Jean-Frédéric Poisson lui emboîte le pas et appelle quant à lui à retourner au restaurant dès que possible.
Désobéissance à l'internationnal
Si les appels à la désobéissance civile se font de plus en plus forts en France, les citoyens mécontents d'autres pays ont d'ores-et-déjà franchi le pas. Ces derniers jours, de nombreux actes de violences ont été reportés aux Pays-Bas, où un couvre-feu a été instauré samedi prochain.
La police néerlandaise a procédé à au moins 184 arrestations dans la nuit de lundi à mardi, comptabilisant au total plus de 400 personnes en détention pour leur participation aux émeutes qui secouent le pays. Au moins dix policiers ont été blessés dans les derniers affrontements avec les émeutiers, qui ont pillé des magasins et incendié des voitures dans plusieurs villes dont Rotterdam, Amsterdam et La Haye lundi soir, les pires troubles dans le pays depuis quatre décennies.
Au Liban, la situation est également extrêmement tendue. Depuis plusieurs jours, de violents affrontements ont opposé à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, les forces de sécurité à des jeunes manifestants hostiles aux restrictions sanitaires, a rapporté mercredi la Croix-Rouge libanaise faisant état d'au moins 45 blessés. Au moins neuf des blessés ont dû être soignés dans des hôpitaux, a indiqué la Croix-Rouge, à la suite de bagarres mardi soir.
Les autorités libanaises ont en effet prolongé jusqu'au 8 février un confinement strict, décrété au départ jusqu'au 25 janvier, pour enrayer une progression exponentielle des cas de nouveau coronavirus et soulager les hôpitaux saturés.