En quoi consiste la liste de médicaments "essentiels" que prépare le gouvernement?

Sur le site de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), les lignes "tension d'approvisionnement" se succèdent à celles affichant "rupture de stock". Cet établissement dépendant du ministère de la Santé liste les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM) faisant actuellement l'objet de difficultés d'approvisionnement.
Lundi, François Braun a déclaré sur RMC-BFMTV que son ministère était en train de "finaliser", avec "l'ensemble des spécialités médicales", une liste des "médicaments essentiels", aussi appelés "critiques", pour le mois de mai.
Selon nos informations, cette liste est élaborée conjointement par la Direction générale de la Santé, avec l'ANSM et les sociétés savantes de médecins.
Après l'établissement de cette liste, les autorités devront "définir tous les points de fabrication" de ces médicaments, du principe actif à la mise en flacon, a détaillé le ministre de la Santé. L'objectif est de "contrôler toute la chaîne de production" et ainsi de "s'assurer que ces médicaments essentiels seront toujours disponibles".
Une obligation de stock d'au moins deux mois pour les MITM
Quelle est la différence entre les médicaments "critiques" et les "médicaments d'intérêt thérapeutique majeur"? Les MITM sont définis dans le code de la santé publique comme les "médicaments ou classes de médicaments pour lesquels une interruption de traitement est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients à court ou moyen terme, ou représente une perte de chance importante pour les patients au regard de la gravité ou du potentiel évolutif de la maladie".
Depuis le 1er septembre 2021, les laboratoires pharmaceutiques ont l’obligation de constituer un stock de sécurité d'au moins deux mois pour les MITM. Pour autant, comme le montre le site de l'ANSM, certains MITM sont bien concernés par des ruptures de stock.
François Braun a assuré lundi qu'"il n'y a pas de médicament en rupture absolue", mais des médicaments "en tension", avec "moins d'un mois de stock" et qu'on "ne trouve pas dans toutes les pharmacies".
Les médicaments "critiques" seraient quant à eux une sous-catégorie des MITM, avec des critères plus stricts, indique le ministère de la Santé à BFMTV. "À cette liste seront attachées une analyse des risques en matière d’approvisionnement, et des solutions correctrices nécessaires", expliquait en février un communiqué des ministères de la Santé et de l'Economie.
"Les règles de gestion pourront aller du rappel du bon usage, à la constitution de stock, ou même à la réindustrialisation", précise le cabinet du ministre à BFMTV.
Plusieurs origines à la pénurie
Les problèmes d'approvisionnement en médicaments que connaît la France depuis plusieurs mois ont plusieurs causes. François Braun expliquait par exemple le 1er mars à l'Assemblée nationale que l'amoxicilline a "pâti d’une demande conjoncturelle très forte en raison de la rencontre de plusieurs épidémies hivernales", alors que cet antibiotique n'est pas efficace contre la bronchiolite, la grippe, le Covid-19 ou les rhinopharyngites, rappelle l'ANSM sur son site.
Cette hausse de la demande a été associée à "une anticipation insuffisante des industriels, la crise sanitaire ayant provoqué une baisse de la consommation de la population pendant plusieurs périodes consécutives", ajoutait François Braun début mars.
Un rapport remis au gouvernement par une mission stratégique dédiée à ce sujet pointait dès 2019 le rôle des ruptures d'approvisionnement en principes actifs dans ces pénuries. Ces substances nécessaires à la fabrication de médicaments sont principalement produits hors Europe, ce qui rend la France dépendante de pays comme l'Inde ou la Chine.