Ehpad: les députés socialistes veulent un droit de visite des parlementaires

Les députés à l'Assemblée nationale le 16 janvier 2022. (Photo d'illustration) - Thomas COEX © 2019 AFP
Les députés socialistes ont demandé mardi que les parlementaires puissent disposer d'un droit de visite dans les Ehpad sur le modèle de ce qui se pratique pour les lieux de privation de liberté, après des accusations visant un groupe privé de maisons de retraite.
"Il faut que les parlementaires puissent se rendre dans les Ehpad", a demandé le porte-parole du groupe socialiste Boris Vallaud, interrogé sur les révélations d'un livre-enquête dénonçant l'obsession de la rentabilité au sein du groupe Orpea, ce que ce dernier conteste.
Un droit de visite "à l'improviste"
A l'initiative de la députée Christine Pires Beaune, les députés socialistes souhaitent en effet que les parlementaires aient le droit de visiter les Ehpad, hôpitaux et toute structure dont les résidents ou patients bénéficient d'une aide publique, "à l'improviste, comme nous l'avons pour les prisons".
"Ces visites peuvent faire bouger les choses. En cas de dysfonctionnements les groupes privés risquent le 'name and shame' et cela peut avoir un effet bénéfique sur la prise en charge des résidents", a expliqué Christine Pires Beaune.
Depuis 2000, la loi permet aux parlementaires de visiter à l'improviste les locaux de garde à vue, les centres de rétention, les zones d'attente et les établissements pénitentiaires. En 2015, ce droit a été élargi aux centres éducatifs fermés.
Les oppositions dénoncent "les promesses non-tenues" d'Emmanuel Macron
L'écho médiatique donné aux "Fossoyeurs", écrit par le journaliste indépendant Victor Castanet, qui décrit l'obsession de rentabilité du groupe privé, a permis aux oppositions de dénoncer les "promesses non-tenues" d'Emmanuel Macron sur le sujet plus vaste de la dépendance.
Patron des députés LR, Damien Abad a demandé la mise en oeuvre d'Etats généraux de la dépendance.
"On ne peut pas continuer comme ça", a-t-il affirmé en épinglant la gestion par le gouvernement de la crise sanitaire dans les Ehpad. "Elle a été une catastrophe absolue. Les portes des réanimations ont été fermées pour les patients des Ehpad".
"La logique de rentabilité est insupportable" pour Marine Le Pen
La députée et candidate à la présidentielle Marine Le Pen a demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la gestion des Ehpad "par les groupes privés".
"Nous nous devons de protéger nos aînés et de les traiter avec la dignité et le respect qui leurs sont dus. La logique de rentabilité est insupportable lorsqu'elle remet en cause ces principes", a écrit dans un communiqué la candidate d'extrême droite.
Marine Le Pen propose que chaque établissement soit "doté d'un médecin coordonnateur et d'une infirmière présente 24h sur 24" et veut allonger la durée du congé des proches aidants à 12 mois pour l'ensemble de la carrière, avec une indemnisation indexée sur le revenu de la personne aidante.
Emmanuel Macron avait promis en 2018 une loi sur la dépendance des personnes âgées, avant que ce projet ne soit remisé dans les cartons. Des mesures pour le grand âge ont été votées dans le cadre du budget 2022 de la Sécurité sociale.