Covid-19: un médecin réanimateur redoute une situation "pire" que lors de la première vague

Le dernier tour de vis sanitaire instauré par le gouvernement ne suffira sans doute pas à freiner l'épidémie, à en croire Jean-Michel Constantin. Invité ce mercredi matin de BFMTV, le chef du service anesthésie-réanimation à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris a alerté sur les risques de voir se développer une situation "purement catastrophique" dans les hôpitaux français.
"Elle est très nettement pire (que la deuxième vague, NDLR) et le risque c'est quelle soit pire que la première", déclare-t-il, précisant que cette troisième vague de l'épidémie risque de toucher le pays entier "au lieu d'être sur trois régions de France".
"Il n'y a rien qui soit rassurant"
S'il juge l'intensité de l'épidémie "comparable à la première vague", l'anesthésiste estime qu'il ne s'agit pas là du même "design" car les transferts de patients d'une région à l'autre sont moins possibles et que les soignants ne disposent d'aucune visibilité pour les semaines qui viennent: "On n'a aucun signe d'applatissement de la courbe et encore moins de diminution."
"Il n'y a rien qui soit rassurant aujourd'hui, ni dans ce qui est fait ni dans ce qui va venir dans les jours qui viennent", s'inquiète Jean-Michel Constantin.
Dans un mail adressé ce mercredi aux soignants de l'AP-HP, son directeur Martin Hirsch a indiqué que les établissements hospitaliers n'avaient pas connu un nombre d'entrées "aussi haut en 24 h depuis la 1ère vague".
"Déprogrammer c'est déjà choisir quel patient on soigne"
Jean-Michel Constantin explique que le personnel soignant est "au bout de ce qu'on peut faire en terme d'admissions" dans les services de réanimation. "C'est pas faute d'alerter depuis des semaines", commente-t-il.
"On est tous dans le même état d'esprit, on est inquiet et pas rassuré du tout par ce qui va se passer dans les jours qui viennent. C'est pas dans un mois mais dans les jours qui viennent", poursuit l'anesthésiste.
Si la déprogrammation de certaines interventions demeure encore possible pour les hôpitaux d'Île-de-France, Jean-Michel Constantin rappelle que cela n'est possible que "déprogrammer c'est déjà choisir quel patient on soigne ou pas". "On va privilégier la prise en charge des patients atteints du Covid-19, on va reculer les autres patients avec toujours un certains niveau de perte de chance pour ces patients dont on décale les soins", abondait ce mercredi matin sur BFMTV Djillali Annane, chef du service réanimation de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine).
"Les quinze jours à venir vont être terribles"
Alors que médecins et épidémiologistes considèrent que les nouvelles restrictions mises en place dans les seize départements fortement touchés par l'épidémie sont insuffisantes pour juguler cette dernière, Jean-Michel Constantin affirme que le corps médical n'est pas prêt à "supporter un pari qu'on pourrait perdre", en référence au choix de l'exécutif de ne pas recourir à un confinement strict de toute la population française.
"Même s'il y a un effet, les quinze jours à venir vont être terribles. Et s'il n'y a pas d'effet suffisant, cela veut dire que le prix pour la société va être très important", ajoute Jean-Michel Constantin sur notre antenne avant de conclure: "S'il n'y a pas de freinage rapide, on va être débordé."