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Covid-19: un an après, le médecin de la première victime française se souvient

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Le docteur Philippe Pinilo, exerçant à Crépy-en-Valois, avait reçu en consultation le professeur de technologie, mort le 26 février 2020 à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière.

Un an presque jour pour jour après le premier confinement, et alors que des mesures de restrictions supplémentaires pourraient être prises, d'autres tristes anniversaires vient d'avoir lieu. Le 14 février 2020, un touriste chinois de 80 ans avait succombé à la maladie, devenant le premier mort confirmé en France et en Europe lié au coronavirus. Le 26 février, un professeur de technologie de Crépy-en-Valois (Oise), âgé de 60 ans, mourait lui aussi du Covid-19, devenant lui la première victime connue de nationalité française.

Une semaine plus tôt, le 19 février 2020, le Dr Philippe Pinilo avait reçu l'enseignant oisien pour la seconde fois en l'espace d'une semaine. Il se souvient comme si c'était hier de cette consultation, aux balbutiements de la crise sanitaire qui allait déferler sur le pays.

"Il y a quelque chose qui me fait dire que ce n'est pas bon, il avait perdu 8 kilos en une semaine", se remémore le généraliste au micro de BFMTV.

Incertitude et inquiétude

Quelques jours après cette seconde consultation, l'enseignant meurt des suites du Covid-19, à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. Des investigations sont alors lancées pour tenter d'identifier la chaîne de contaminations.

Philippe Pinilo se confine par sécurité pendant quinze jours. Un isolement qu'il passe à répondre à la presse, et à tenter de rassurer ses patients inquiets.

"Autant sous (la grippe) H1N1, on avait reçu longtemps avant des masques, des gants, des lunettes, des surlunettes, là on n'avait rien. On se dit 'mince, de toute façon on n'a rien reçu donc ça ne doit pas être si terrible que ça'. Surtout qu'on nous dit que les masques ne sont pas si protecteurs que ça", rappelle-t-il.

Jamais contaminé

Au sortir de son isolement, le Dr Pinilo reprend les consultations physiques, à domicile. Crépy-en-Valois est devenu un important foyer de contaminations, considéré comme le premier cluster de l'épidémie en France.

"On avait dans le coffre de la voiture ses combinaisons à usage unique, ses gants, ses masques, ses charlottes, et je mettais même des surbottes", se remémore-t-il.

Au plus fort de la crise, Philippe Pinilo recevait une dizaine de patients chaque jour avec des symptômes évoquant le coronavirus. À l'heure actuelle, ce n'est plus qu'un par semaine.

Durant ces 12 mois en première ligne, le soignant n'a jamais été contaminé par la maladie. Un an après, l'épidémie a causé la mort de plus de 90.000 personnes en France.

Igor Sahiri et Jérémy Muller avec Clarisse Martin