Covid-19: pourquoi la situation épidémique dans le Grand Est inquiète

Un site de depistage du Covid à Charleville-Mezières, le 14 décembre 2020 - FRANCOIS NASCIMBENI © 2019 AFP
La situation inquiétante dans le Grand Est? Cette région de 5,5 millions d'habitants a été citée ce week-end par le ministre de la Santé Olivier Véran, parmi les zones en France où la circulation du Covid-19 est inquiétante, faisant "craindre une hausse des hospitalisations dans les jours à venir". Plusieurs élus locaux, ainsi que le président de la région Jean Rottner, ont d'ailleurs demandé un reconfinement, alors que les indicateurs de l'épidémie sont bien au-dessus des moyennes nationales dans le Grand Est.
"Effectivement la situation dans le Grand Est, et plus particulièrement en Meurthe-et Moselle, n'est pas positive du tout" explique ce mardi sur BFMTV Valérie Beausert-Leick, présidente socialiste du département de Meurthe-et-Moselle.
Taux de positivité et d'incidence élevés
La moyenne du taux d'incidence dans le Grand Est du 19 au 25 décembre, est de 203,5 pour 100.000 personnes, soit bien au-dessus de la moyenne nationale de 125,7. Le taux de positivité y est de 4%, contre 2,8% sur la totalité de la France. Mais si les indicateurs sont élevés dans toute la région, des disparités existent entre les départements: les Ardennes affichent ainsi un taux de 284,7 et le Bas-Rhin de 150,2.
Dans son dernier bilan, l'Agence Régionale de Santé Grand Est note en effet que plusieurs départements ont touché voire dépassé en décembre le taux d'incidence de 300 cas positifs pour 100.000 personnes, alors que le seuil d'alerte maximale est fixé à 250.
Parmi les dix départements du Grand Est: les Ardennes, la Haute-Marne, la Meurthe-et-Moselle, la Meuse et les Vosges. Tous sont actuellement au-dessus du seuil de 150 (seuil d'alerte renforcée).

Sur la population des 65 ans et plus, le taux d'incidence est de 239 pour 100.000 habitants sur la semaine de Noël (19 au 25 décembre), un chiffre élevé alors qu'il s'agit d'une population plus fragile face au Covid-19.
Ces données régionales publiées lundi, si elles restent au-dessus des moyennes nationales, apparaissent en légère baisse comparées à la période pré-Noël (14 au 20 décembre) qui affichait un taux d'incidence de 232. L'ARS avait alors enregistré une augmentation du nombre de cas positifs de 70% en trois semaines, en partie due à la hausse du nombre de tests pratiqués par la population avant de se retrouver en famille pour les fêtes de Noël.
Forte occupation des lits de réanimation
Mais l'Agence régionale enregistrait dans le même temps une hausse des admissions à l'hôpital, qui semble s'être prolongée jusqu'au 25 décembre, avec des services hospitaliers proches de la saturation dans certaines zones du département.
"L’activité Covid-19 des établissements de santé est désormais similaire à celle enregistrée la semaine juste avant le début du deuxième confinement", écrivait l'ARS le 24 décembre.
"La situation n'est pas très très positive, puisque nous sommes très largement au-dessus du taux de pression en réanimation par rapport au taux moyen français. Nous avons 12 points de plus, nous frôlons les 65% de taux de pression", explique Valérie Beausert-Leick. "Moi ce que je vois c'est que la situation se dégrade jour après jour et à l'hôpital notamment", déclare également sur BFMTV le maire de Nancy (Meurthe-et-Moselle) Mathieu Klein, qui avait déjà alerté sur les déprogrammations d'opérations au CHRU de sa ville.
Sur 471 lits de réanimation dans la région, 292 étaient occupés par des patients Covid-19 le 27 décembre, selon le dernier bilan de l'ARS, soit un taux d'occupation de 62%. Or, "l’impact de l’épidémie sur le système de santé est considéré comme significatif, dès lors que plus de 30% des lits de réanimation disponibles sont occupés par des patients atteints de COVID", précise l'Agence régionale.
L'effet boomerang des fêtes redouté
La forte circulation du coronavirus dans cette zone n'est pas expliquée à l'heure actuelle. "On a fait le tour de la question, indicateur par indicateur, pour essayer de comprendre les choses que l'on ne comprend pas. Par exemple, les personnes de plus de 65 ans vivant à la campagne sont fortement atteintes, on ne comprend pas le facteur déclenchant", explique à France Bleu Jean Rottner, le président de la région Grand Est.
La crainte actuellement, alors que la situation est tendue dans certaines villes, est qu'il y ait un effet boomerang post-fêtes de fin d'année, qui aggraverait fortement la circulation du coronavirus. Pour cette raison, plusieurs élus réclament un reconfinement local immédiat: "Je ne vois pas la raison pour laquelle nous devrions encore attendre parce que nous savons déjà que l'effet fêtes se verra de façon très forte dans 15 jours", assure Mathieu Klein.
