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Covid-19: pourquoi l'épidémie repart notamment dans les zones touristiques

Le coronavirus au travers du variant Delta continue de se propager dans les Pyrénées-Orientales. Les plages du département sont très prisées des touristes, comme ici à Argelès-sur-Mer.

Le coronavirus au travers du variant Delta continue de se propager dans les Pyrénées-Orientales. Les plages du département sont très prisées des touristes, comme ici à Argelès-sur-Mer. - RAYMOND ROIG / AFP

Si la quatrième vague de l'épidémie est désormais une réalité pour la France, elle frappe particulièrement le littoral du pays et en particulier les zones prisées par les touristes.

Fermeture des bars et restaurants à 23 heures dans les Pyrénées-Orientales, réinstauration du masque dans certaines zones de communes de Haute-Corse... L'été des Français ne sera pas non plus épargné par les mesures sanitaires. D'autant que la quatrième vague de l'épidémie de Covid-19 se fait notamment sentir sur les plages de France.

Sur la quarantaine de départements métropolitains présentant un taux d'incidence au-dessus du seuil d'alerte (50 cas pour 100.000 habitants sur une semaine glissante), la plupart se trouve sur la façade Atlantique et le long de la Méditerranée.

Explosion de la circulation virale dans les Pyrénées Orientales et en Haute-Corse

Ainsi, le territoire le plus touché par la reprise de l'épidémie est les Pyrénées-Orientales, avec un taux d'incidence de 373 cas pour 100.000 habitants pour la semaine du 11 au 17 juillet 2021 selon Santé Publique France. Viennent ensuite la Haute-Corse, avec un taux d'incidence de 305 puis l'Hérault, avec 203 cas pour 100.000 habitants au cours de cette même semaine.

À titre de comparaison, le taux d'incidence ne s'élevait qu'à 14 cas pour la semaine du 20 au 26 juin dans les Pyrénées-Orientales, à 4 en Haute-Corse et à 10 dans l'Hérault à ces mêmes dates.

La croissance de l'épidémie a explosé dans ces départements mais aussi dans les Alpes-Maritimes, en Charente-Maritime ou encore en Haute-Garonne. Dans tous ces territoires, le variant Delta - plus contagieux que la souche classique et les autres variants - est désormais largement majoritaire.

Les touristes pas comptés dans le taux d'incidence du département

Comment expliquer cette explosion de cas dans ces zones prisées par les Français au cours de la saison estivale? La faute aux touristes? Non, et oui. Non, parce que comme le rappelle Santé Publique France, c'est le département de résidence de la personne testée positive qui est pris en compte et non le lieu de villégiature. Autrement dit, un Parisien testé positif à Calvi ne sera pas comptabilisé dans les données sanitaires du département de Haute-Corse.

Les touristes testés positifs en vacances n'ont donc pas d'incidence sur les chiffres épidémiologiques du lieu où ils séjournent, du moins pas directe. La période estivale est synonyme de brassage de populations et il n'est pas impossible que des touristes franciliens contaminent des locaux lors d'événements festifs où le respect des gestes barrières est plus difficile.

Forte circulation virale chez les moins de 30 ans

Enfin, l'incidence est particulièrement élevée chez les plus jeunes: 1430 cas pour 100.000 habitants chez les 20-29 ans dans les Pyrénées-Orientales lors de la semaine du 11 au 17 juillet dernier. Elle est de 1062 en Haute-Corse et de 553 dans l'Hérault. En élargissant la tranche d'âge, on peut observer que le virus circule majoritairement chez les moins de 50 ans.

Une catégorie de la population plus mobile et moins susceptible de contracter une forme grave de la maladie, ce qui a pu en freiner plus d'un à se faire vacciner.

"Très souvent, ils sont asymptomatiques, ils ne se sentent pas infectés, c'est tout à fait normal qu'il y ait donc cette circulation qui s'accroît très très rapidement", explique l'épidémiologiste Yves Buisson, membre de l'académie nationale de médecine.

L'accès tardif à la vaccination pour les plus jeunes et un mois seulement avant le début des vacances a également pu jouer un rôle dans la circulation virale de cette tranche d'âge.

En outre, les régions du littoral français ont été moins touchées par les précédentes vagues de l'épidémie. Selon les dernières modélisations de l'Institut Pasteur datant d'avril et rapportées par nos confrères du Parisien, la Nouvelle-Aquitaine, la Corse et l'Occitanie figurent parmi les régions de France où la part de personnes contaminées était la moins élevée.

Si le risque de réinfection au Covid-19 n'est pas inexistant, il reste globalement très minime, ce qui pourrait expliquer pourquoi la circulation virale est aujourd'hui moindre dans des départements où la part de la population contaminée est importante, comme l'Île-de-France.

Enfin, dernier élément à considérer et non des moindres: une grande partie de ces territoires sont proches de frontières avec d'autres pays, notamment de l'Espagne et du Portugal, où l'épidémie repart aussi, obligeant les autorités à instaurer de nouvelles restrictions.

Hugues Garnier Journaliste BFMTV