Covid-19: pour l'épidémiologiste Antoine Flahault, il ne faut "surtout pas assouplir les règles"

Antoine Flahault persiste et signe. Quelques heures après avoir affirmé que la France avait repris le contrôle en ce qui concerne la propagation du coronavirus sur son territoire, l'épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève est revenu sur ses propos sur BFMTV ce jeudi.
Les courbes sous contrôle
Dans un premier temps, il a assuré que la "courbe exponentielle" des contaminations avait été brisée dans de nombreux pays européens.
"L'Irlande a été la première à le faire, suivie par les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Belgique, la République Tchèque ou la Slovénie. Ce n'est pas un mouvement unique qui survient en France, mais on voit aussi une cassure de cette courbe dans des pays où le taux de reproduction est égal ou inférieur à 1."
Ce taux de reproduction R du virus, qui reste au centre de toutes les attentions, est d'ailleurs l'un des principaux arguments d'Antoine Flahault.
"Il ne peut y avoir d'épidémie s'il est inférieur à 1. Le R est le taux de reproduction, le nombre de personnes que vous infectez lorsque vous l'êtes. Pour qu'il y ait une épidémie, le R doit être au-dessus de 1. Toutes ces courbes sont sous contrôle et vont dans la bonne direction", analyse-t-il.
A l'heure actuelle en France, le taux de reproduction R est à 0,93, alors qu'il était de 1,42 fin octobre selon Santé publique France. Pour que cette vague disparaisse, on estime que le R doit équivaloir à 0,70 voire 0,60.
"Il faut prolonger les efforts"
Pour autant, malgré ces notes positives, l'épidémiologiste souligne que les efforts ne doivent pas être relâchés, sous peine de voir les fameuses courbes augmenter à nouveau.
"Il faut prolonger les efforts. Si le R est à 1 on est en plateau au moment du pic, c’est instable, il faut désormais redescendre. Il faut continuer et amplifier ce qui est fait pendant une quinzaine de jours pour arriver en zone de sécurité. On a cassé la course exponentielle et c’est très important car elle pouvait être infinie."
De fait, Antoine Flahault assure que Jean Castex, lors de sa conférence de presse prévue ce jeudi à 18 heures, n'a que très peu intérêt à annoncer un assouplissement des mesures déjà mises en place par l'exécutif.
"Je pense que c’est trop tôt, ce n’est surtout pas au moment du pic qu’il faut assouplir. Ce sera proposé quand on aura repris le contrôle complet, ça peut aller vite, mais il faut être patient et amplifier le mouvement", conclut-il.