Covid-19: non, le vaccin à ARN messager ne va pas modifier l'ADN des personnes vaccinées

Une dose de vaccination contre la Covid-19, photographiée le 17 novembre 2020 à Paris - JOEL SAGET © 2019 AFP
Il s’agit de l’une des grandes craintes vis-à-vis des futurs vaccins utilisés contre le Covid-19. Invitée ce lundi matin sur BFMTV-RMC, l’infectiologie Odile Launay, membre du comité scientifique "vaccin Covid-19", a assuré que la technologie utilisée pour certains des vaccins contre le Covid-19 développés, l’ARN messager, n’a en aucun cas la possibilité d’être "intégrée dans le noyau d’une cellule" et "ne modifiera pas notre matériel génétique."
Trop fragile pour rentrer dans le noyau d'une cellule
Afin de comprendre la genèse de cette crainte, il s’agit de remonter au fonctionnement même de ce vaccin. A l’inverse des sérums traditionnels qui mettent en confrontation l’organisme avec un virus, l’ARN messager est un vaccin génétique, qui utilise une molécule qui permet de fabriquer, grâce à l’enveloppe du virus, d’autres molécules.
Celles-ci, des protéines appelées protéines S, sont capables de produire une réponse immunitaire protectrice. Cette protéine S avait d’ailleurs déjà été utilisée avec succès dans le traitement d’autres coronavirus tels que le Sars.
Seulement, si cette technologie peut faire peur et sembler intrusive au premier abord, elle est inoffensive selon Odile Launay.
"Nous avons tous les éléments pour dire que cet ARN messager se dégrade rapidement, il faut d’ailleurs le conserver à -70 degrés, et qu’il n’a aucune capacité à entrer dans le noyau d’une cellule", a-t-elle martelé.
Des questions "légitimes"
Dans sa réflexion, Odile Launay est rejointe par le Pr Alain Fischer, titulaire de la chaire de Médecine expérimentale au Collège de France et nouveau "Monsieur Vaccin" du gouvernement, interrogé à ce sujet la semaine dernière par le quotidien La Montagne.
S'il estime qu’il est "légitime que les gens se posent ce type de questions", il assure également que les molécules ARN "n'ont pas de structure de séquence qui leur permettent de recombiner avec le génome."
Ce même argument est avancé par Cecil Czerkinsky, immunologiste et directeur de recherches à l'Inserm, qui rappelle que l'ARN est "un message intermédiaire entre l'ADN et la protéine."
"Il ne peut donc pas s'intégrer au génome (ADN) de l'hôte. C'est un des avantages de cette technologie par rapport à la technologie des vaccins ADN qui, bien que beaucoup plus stables, sont moins efficacement traduits en ARN puis en protéines et présentent le risque potentiel théorique d'intégration dans l'ADN de l'hôte."