BFMTV
Santé

ARN messager, virus inactivé... Quels sont les 4 types de vaccin anti-Covid en développement?

Photo d'illustration

Photo d'illustration - Robyn Beck

Alors que la course au vaccin bat son plein, de nombreuses sociétés et laboratoires redoublent d'inventivité afin de produire une protection la plus efficace possible contre le coronavirus.

Un peu plus d’un an après le début de la pandémie de coronavirus, et à quelques semaines seulement de "l’anniversaire" de son apparition sur le territoire français, la situation est en train de doucement évoluer.

Lors de son allocution du 24 novembre, Emmanuel Macron avait bon espoir de faire débuter les campagnes de vaccination d’ici fin décembre en France. Ce mercredi, Jean Castex a confirmé auprès de BFMTV que les autorités sanitaires ont "de quoi vacciner 100 millions de personnes".

L'espoir de cette vaccination prochaine est née après les multiples annonces de ces dernières semaines, par les Russes tout d’abord, avec leur produit nommé Spoutnik V, suivi par plusieurs laboratoires internationaux dont Moderna ou Pfizer et BioNTech. Chacun de ces vaccins a sa spécificité, mais derrière leur développement se cache quatre technologies principales.

• "L'ARN messager", à la pointe

Ce sont à l'heure actuelle les potentiels vaccins qui semblent les plus avancés, grâce à une technologie ultra-innovante. Elle consiste à injecter dans nos cellules des brins d'instructions génétiques appelées ARN messager, pour leur faire fabriquer des protéines ou "antigènes" spécifiques du coronavirus. Ces protéines vont être livrées au système immunitaire, qui va alors produire des anticorps.

À ce jour, plusieurs entreprises s'appuient sur cette technique, dont l'alliance Pfizer/BioNTech, et Moderna, qui compte fabriquer 20 millions de doses d’ici la fin d’année. Comme le signale l’entreprise sur son site officiel, une fois le génome du nouveau coronavirus dévoilé par les autorités chinoises, il n’a fallu que deux jours afin de développer la séquence d'ARN messager ARNm-1273 à la base de ce nouveau vaccin.

"Le vaccin a été fait en deux jours, sur ordinateur, sans jamais avoir le virus. C’est ça qui est extraordinaire: avec notre technologie, nous n’avons pas besoin des cellules du virus pour travailler, ni de passer des mois en usine avant de démarrer des essais cliniques", expliquait en mars le PDG de Moderna, Stéphane Bancel, dans les colonnes de Libération. À titre de comparaison, il avait fallu vingt mois pour démarrer les essais cliniques du vaccin contre le Sras.

Moderna, tout comme Pfizer et BioNTech, ont communiqué ces dernières semaines sur les résultats de la phase 3 de leurs essais cliniques, qui montraient selon eux une efficacité à "plus de 90%" chez les participants. Ce sont les vaccins bénéficiant de cette technologie qui seraient actuellement favorisées par les autorités sanitaires.

• La technologie du virus inactivé

Il s’agit de la forme de vaccin la plus couramment utilisée, qui consiste en injecter dans l’organisme un virus isolé et inactivé afin de faire réagir ce dernier. Le but de ces vaccins est d'entraîner notre système immunitaire à reconnaître le coronavirus, lui faire monter ses défenses de façon préventive, afin de neutraliser le vrai virus s'il venait à nous infecter.

De fait, de nombreux vaccins conventionnels comme celui contre la polio ou la grippe utilisent cette technologie.

Seul hic, le temps de production de ces vaccins, souligne Bruno Pitard, directeur de recherche au CNRS, auprès du média IndustriePharma. "La production prend beaucoup de temps, de six mois à un an et ces vaccins doivent être transportés à basse température avec une chaîne du froid à respecter", souligne-t-il.

À l’heure actuelle, plusieurs entreprises travaillent sur le développement d’un vaccin de ce type. La biotech chinoise Sinovac a démarré un essai de phase 3 pour le "CoronaVac" sur des milliers de volontaires, notamment au Brésil, tandis que Sinopharm, un autre laboratoire chinois, a de son côté lancé deux projets de vaccins avec des instituts de recherche chinois.

La Chine prévoit d'être en capacité d'ici à la fin de l'année de produire 610 millions de doses par an de plusieurs vaccins contre le Covid-19, et a déjà donné le feu vert à une utilisation d'urgence de certains d'entre eux.

De son côté, la société indienne Bharat biotech a pour sa part lancé en novembre le recrutement de près de 26.000 personnes pour son "COVAXIN" développé avec le soutien du gouvernement indien, et mise sur un vaccin disponible au premier semestre 2021.

• Les vecteurs viraux, avec un autre virus peu virulent

Les vaccins à "vecteur viral" utilisent comme support un autre virus peu virulent, transformé pour y ajouter une partie du virus responsable du Covid-19. Le virus modifié pénètre dans les cellules des personnes vaccinées, qui fabriquent alors une protéine typique du Sars-Cov-2, éduquant leur système immunitaire à le reconnaître.

Là encore, plusieurs vaccins tentent de s’appuyer sur cette technique pour annihiler le coronavirus. C’est le cas de Spoutnik V, le vaccin russe. Développé par le Centre de recherches en épidémiologie Gamaleïa, avec le ministère russe de la Défense, il repose sur l'utilisation de deux vecteurs viraux, deux adénovirus. Les Russes ont vanté il y a quelques jours une efficacité à 92%. Toutefois, l'institut Gamaleïa est accusé de rompre avec les protocoles habituels pour accélérer le processus scientifique.

Outre la Russie, AstraZeneca, Johnson & Johnson ainsi que CanSino Biological ont développé des candidats-vaccins dont les phases de tests sont bien avancées, et dont les résultats devraient être connus en début d’année prochaine.

• La protéine recombinante

Il s’agit ici de reproduire des pointes (protéines virales) qui se trouvent sur le coronavirus et qui lui servent à infecter les autres cellules. Une fois reproduites, elles pourraient être présentées au système immunitaire afin de le faire réagir.

Pour l’heure, la société américaine Novavax développe un vaccin dit "sous-unitaire" recombinant et a lancé en septembre son essai de phase 3 au Royaume-Uni. Il doit démarrer fin novembre un essai aux Etats-Unis. Des données préliminaires sont attendues au premier trimestre 2021.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier avec AFP Journaliste BFMTV