Covid-19: la quatrième vague viendra-t-elle de la faible vaccination des jeunes?

Des clients attablés en terrasse à Lyon, mercredi 19 mai 2021 - JEFF PACHOUD / AFP
L'épidémie progresse à nouveau chez les plus jeunes. Après des semaines marquées par une liberté retrouvée pour les Français et une nette amélioration de la situation sanitaire, la légère hausse du nombre de cas rapportés positif au Covid-19 laisse craindre une reprise épidémique plus soudaine qu'il n'y paraît.
Olivier Véran s'est notamment inquiété la semaine dernière d'une nouvelle vague causée par le variant Delta, qui pourrait survenir avant même la rentrée de septembre.
"Il y a une menace potentielle de reprise épidémique dès cet été", avait alors déclaré le ministre de la Santé lors d'un déplacement dans un centre de vaccination.
Un taux d'incidence en forte hausse chez les 20-29 ans
Centres itinérants, campagne de communication, possibilité de recevoir ses deux doses à deux endroits différents ou encore organisation de tombolas... Les autorités multiplient les initiatives ces derniers jours pour sensibiliser la population encore non-vaccinée, souvent jeune.
Une tranche d'âge qui sait qu'elle a moins de chance de contracter une forme grave de la maladie, mais aux interactions sociales bien plus nombreuses. Preuve en est le taux d'incidence, soit le nombre de cas positifs pour 100.000 habitants sur une semaine. Celui-ci s'élevait à 22,8 au niveau national entre la semaine du 26 au 2 juillet. La semaine précédente, il était de 19 cas pour 100.000 habitants. S'il ne s'agit certes pas d'une explosion de la circulation virale, celle-ci semble se stabiliser après des semaines de ralentissement.
La tendance n'est pas la même selon les générations. Ainsi, chez les plus de 50 ans, le taux d'incidence ne dépasse pas les 16 cas pour 100.000 habitants, et ce, quel que soit le groupe d'âge. La situation est toute autre chez les jeunes, selon les dernières données rapportées par Santé Publique France: chez les 10-19 ans, le taux d'incidence s'élève à 29 (+2), chez les 20-29 ans à 52 (+16), chez les 30-39 ans à 30 (+3) et chez les 40-49 ans à 22 (+2).
Dernière catégorie éligible à la vaccination
Une disparité qui s'explique notamment par la couverture vaccinale. En France, 51,5% de la population a reçu au moins une dose de vaccin contre le coronavirus au 5 juillet 2021. En précision, celle-ci s'élevait au 4 juillet dernier à 79,6% chez les plus de 80 ans, à 90,1% chez les 75-79 ans, 89,4% chez les 70-74 ans, 79,5% chez les 65-69 ans, 76,6% chez les 60-64 ans et 69,7% chez les quinquagénaires.
La couverture vaccinale diminue donc - sauf chez les plus de 80 ans - à mesure qu'on se rapproche de la tranche d'âge la plus jeune. Chez les quadragénaires, la couverture vaccinale pour une première dose s'établit à 56,4%. Chez les trentenaires à 45,6%, à 43% pour 25-29 ans, chez les 18-24 ans à 42,2% et à seulement 12,4% pour les 12-17 ans, derniers à avoir été autorisés à recevoir le sérum.
"Il ne faut pas oublier que la vaccination a été ouverte tardivement pour les plus de 18 ans, ce qui explique un taux beaucoup plus faible", note Josselin Hazo, rédacteur en chef de Printmedia à destination des jeunes.
Bien qu'il ait été possible dès début mai que des jeunes puissent recevoir des doses de sérum, l'ouverture officielle à la vaccination pour tous les adultes ne remonte qu'au 31 mai. Celle des adolescents âgés entre 12 et 17 ans n'a quant à elle été permise qu'à la mi-juin. Le calendrier par étapes de la vaccination peut expliquer ces décalages de vaccination et donc de potentielle contamination/transmission par les jeunes.
"Ils ont l'une des clés" pour éviter une nouvelle vague, estime le professeur Frédéric Lapostolle sur notre antenne. Le médecin urgentiste à l'hôpital Avicenne de Bobigny et directeur adjoint du Samu 93 estime qu'"il faut se fixer pour objectif une rentrée la plus normale possible, sur le plan professionnel, scolaire et universitaire".
Une jeunesse à l'été menacé
Le calendrier vaccinal ne saurait à lui seul expliquer ce relatif engouement des jeunes pour la vaccination. La fin du printemps et le début de l'été sont synonymes d'examens, de partiels ou de baccalauréat et peut être une autre raison à cette couverture vaccinale moins importante.
En outre, les Français de moins de 50 ans sont davantage mobiles que leurs aînés et ont pu préférer reporter leur vaccination et celle de leurs enfants à la rentrée prochaine. L'amélioration jusqu'ici de la situation sanitaire a également pu freiner plus d'un jeune à se faire vacciner, certains n'y voyant pas une grande utilité.
"Il y a cette forme d'auto-protection où les jeunes se sentent auto-protégés. En tout cas, ces jeunes se disent à quoi ça sert de se faire vacciner?", développe Josselin Hazo.
Plutôt épargnés par les formes graves du Covid-19, les jeunes n'échappent toutefois pas aux conséquences sanitaires. En plein début de saison estivale, la Catalogne vient d'annoncer la fermeture des discothèques et autres lieux de divertissements nocturnes dans les espaces clos en raison de la reprise "exponentielle" des contagions chez les plus jeunes.