Coronavirus: où en est la course au vaccin?

Aujourd'hui, entre 30 et 60% des Français ne sont pas à jour avec leurs vaccins. - -
Près de 200 équipes de chercheurs à travers le monde tentent d'élaborer un vaccin contre le coronavirus, afin d'empêcher de nouvelles épidémies à l'avenir. Aucun produit n'est pour l'instant commercialisable, mais plusieurs groupes ont fait des avancées importantes, certains promettant un vaccin pour la fin de l'année 2020.
D'après le dernier décompte de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) le 31 juillet, 26 candidats-vaccins sont actuellement en phase d'évaluation clinique, et sont testés sur l'homme, et 139 sont toujours au stade pré-clinique.
Un vaccin prêt fin 2020?
Pour le moment, trois vaccins développés dans des pays occidentaux sont dans la dernière phase de leur essai clinique sur l'homme: un de la société américaine Moderna, un autre mis au point par l'université britannique d'Oxford, en partenariat avec le laboratoire AstraZeneca, et un troisième de l'alliance germano-américaine BioNTech/Pfizer.
"On aura les résultats au mois de septembre, et on aura fabriqué déjà plusieurs dizaines de millions de doses dès le mois de septembre/octobre, livrées à partir des mois d'octobre/novembre" déclarait le 14 juin sur BFMTV le PDG d'AstraZeneca Pascal Soriot, "avec une montée en puissance vers la fin de l'année et au début de l'année prochaine".
La Russie a également annoncé cette semaine espérer entamer dès septembre et octobre la production industrielle de deux vaccins conçus par des chercheurs de centres étatiques. "Selon les premières estimations (...) nous pourrons fournir dès cette année plusieurs centaines de milliers de doses de vaccin par mois, puis par la suite jusqu'à plusieurs millions en début d'année prochaine", a affirmé le ministre russe du Commerce Denis Mantourov.
Un projet de vaccin chinois, conçu conjointement par un institut de recherche militaire et le groupe pharmaceutique CanSino Biologics, affiche aussi des résultats encourageants. L'armée chinoise en a autorisé fin juin l'utilisation dans ses rangs, alors même que les dernières phases de test n'avaient pas démarré.
Plusieurs phases de tests en cours
La création d'un vaccin passe par plusieurs phases, et sa conception prend plusieurs années habituellement. Vient d'abord la phase préclinique, où il faut "démontrer que la préparation est suffisamment robuste pour l'être humain, par exemple en menant des tests sur les animaux", expliquait début juillet Étienne Decroly, chercheur au CNRS, à BFMTV.com.
La phase 1 consiste à voir la réaction du corps humain après l'injection, de la tolérance de l'homme face à ce produit, à son efficacité contre le virus ciblé. Avec la phase 2, le but est de "voir l'efficacité thérapeutique du vaccin, sa capacité à produire des anticorps", et de déterminer la posologie en le testant sur un plus grand panel, continue Etienne Decroly. Une fois ces deux phases validées, la troisième commence. Il faut alors demontrer l'efficacité du vaccin, et ses effets indésirables, avant sa commercialisation.
Actuellement, cinq vaccins sont en phase 3, douze en phase 2 et neuf en phase 1, selon les données de l'OMS. En tête de peloton, on retrouve le vaccin d'AstraZeneca et de l'Université d'Oxford, deux projets chinois des sociétés Sinovac et Sinopharm, puis le projet américain Moderna, et le germano-américain BioNTech-Fosun Pharma-Pfizer.
"Les essais de phase 3 doivent être menés sur environ 30.000 personnes ça n’est pas rien et les effets secondaires les plus fréquents seront détectés", explique dans Le Figaro Marie-Paule Kieny, virologue et directrice de recherche à l’Inserm. En revanche, avec la précipitation actuelle, "les effets secondaires plus rares ne seront pas connus".
Une temporalité raccourcie
La pandémie mondiale a en effet lancé les scientifiques dans une véritable course contre la montre pour trouver un vaccin contre la Covid-19, si bien que certaines phases d'essai se chevauchent, afin d'accélérer sa production. Comme le note Libération, des laboratoires sont déjà en phase de production industrielle avant de connaitre l'efficacité finale de leur vaccin, ni même d'avoir les autorisations définitives de mise sur le marché.
Ainsi, l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas et la France ont précommandé 400 millions de vaccins auprès du groupe pharmaceutique AstraZeneca, alors que ce dernier, bien qu'en phase 3, n'est pas finalisé. Un accord a également été annoncé vendredi entre les laboratoires Sanofi et GSK et les Etats-Unis pour 100 millions de doses, et une réservation de 300 millions de doses a été faite par l'Union européenne.
Conscient de cette précipitation générale, après que la Russie a promis des "millions" de vaccins dès début 2021 le porte-parole de l'OMS Christian Lindmeier a rappelé que "tout vaccin et tout médicament à cette fin doivent bien sûr être soumis à tous les différents essais et tests avant d'être homologués pour leur déploiement".
"Un certain nombre de vacccins sont en phase 3, et nous espérons tous avoir des vaccins effectifs protégeant la population de l'infection", a déclaré lundi le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, mais pour le moment "il n'y a pas de solution miracle et il pourrait ne jamais en avoir". Il rappelle donc à la population de continuer à suivre les mesures barrières contre le Covid-19 pour se prémunir de la contamination.
