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Coronavirus des visons: ce que l'on sait de la maladie chez ce mammifère

Un vison dans une ferme d'élevage à Gjol, dans le nord du Danemark, le 9 octobre 2020

Un vison dans une ferme d'élevage à Gjol, dans le nord du Danemark, le 9 octobre 2020 - Mads Claus Rasmussen © 2019 AFP

Dimanche, le ministère de l'Agriculture a annoncé l'abattage d'un élevage de visons dans l'Eure-et-Loir. Les autorités sanitaires craignent que l'animal engendre des mutations dangereuses du virus. La recherche scientifique commence à y voir plus clair.

Après la Suède, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas (où 150 élevages ont été fermés) et surtout le Danemark (dont la Première ministre a annoncé l'abattage de 17 millions de spécimens), la France a connu de premiers cas de contamination au Covid-19 parmi sa population de visons. Ce dimanche, le ministère de l'Agriculture a ainsi fait part de la détection de visons infectés dans une structure située en Eure-et-Loir et l'abattage en conséquence des 1000 mammifères qu'elle abrite.

La communauté scientifique soutient ces éliminations préventives du fait de l'expansion rapide et hors de contrôle de la maladie parmi les visons, du risque de mutation que fait courir celle-ci, et de l'aptitude de ces animaux à transmettre le virus à l'être humain. Mais la recherche invite cependant à nuancer la dangerosité, à ce stade, des évolutions de la maladie au cours de son transit parmi les visons.

· La sérénité est encore de mise

Comme nous le soulignions peu après que la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a annoncé le 4 novembre dernier la fin de l'élevage de visons sur le territoire national et l'abattage des 17 millions de mustélidés du pays, les mutations sont très fréquentes du côté des virus constitués d'un molécule d'acide ribonucléique, comme le Covid-19. De sucroît, les mutations observées à ce jour chez les visons n'inquètent pas outre-mesure les experts.

La revue scientifique Nature a compilé les connaissances à ce sujet sur son site internet. La virologue, affiliée à l'Université d'Oxford Astrid Iversen, qui a étudié les données tirées des élevages danois, a déclaré auprès de la publication: "Les mutations liées aux visons dont nous avons connaissance n'impliquent pas une diffusion plus rapide, ni aucun changement en terme de morbidité et de mortalité".

· Propagation rapide

Le problème, c'est que le virus s'est propagé vitesse grand V au sein des cheptels danois, au point que le phénomène échappe à toute maîtrise. Entre juin et aujourd'hui, il a été détecté dans plus de 200 fermes de visons. Et on remarque une hausse des cas chez les habitants des zones où se trouve au moins une des installations concernées. Or, même si les mutations avérées ne représentent pas un péril particulier, cette circulation accroît de fait le risque d'en voir d'autres apparaître.

Jannik Fonager, virologue au Statens Serum Institut de Copenhague, qui pilote les enquêtes autour de ce coronavirus des visons, a ainsi signalé à Nature que les prélèvements effectués auprès de 40 fermes danoises avaient mis au jour l'existence de 170 variations du virus. Il a ajouté que les investigations conduites auprès du cinquième des Danois contaminés par le Covid-19 (71.000 au total) avaient montré que l'organisme de 300 individus portait des variantes probablement engendrées par les visons.

· Plusieurs mutations du virus

Deux d'entre elles ont particulièrement retenu l'attention des scientifiques. L'une d'entre elles, baptisée le "Cluster-5" entraîne une moindre efficacité des anticorps, produits par les patients ayant été frappés par le nouveau coronavirus. Certains d'entre eux en effet ne reconnaissent plus la molécule. Cette mutation, toutefois, n'a plus été repérée depuis septembre.

L'autre répond au doux sigle de "Y453F". Elle aboutit en un changement dans les acides aminés de la protéine de spicule - qui permet au virus de pénétrer les cellules initialement saines. Cette modification renforce là encore les possibilité du Covid-19 de passer à l'as des anticorps. On se trouve alors face à l'enjeu le plus pressant des mutations: ce jeu du chat et de la souris potentiel entre le virus et les anticorps pourrait remettre en cause l'efficacité des vaccins actuellement à l'étude s'il venait à s'étendre.

Quant à savoir comment le Covid-19 a pu envahir les populations de visons, les scientifiques qui se sont ouverts à Nature ont privilégié une piste. Ils estiment que ce sont probablement des éleveurs infectés qui ont à l'origine contaminé les mammifères.

· Attention aux furets

Loïc Dombreval, député La République en marche et vétérinaire de formation, a expliqué dimanche sur France Info le pourquoi de cette connexion particulière entre l'homme et le vison:

"Les visons font partie d'une famille d'animaux qui s'appelle les mustélidés et qui ont une particularité, c'est qu'ils ont un récepteur aux virus respiratoires identique au nôtre, identique à celui de l'espèce humaine. Et donc la transmission du coronavirus en particulier, qui est un virus à tropisme respiratoire, est extrêmement simple, très facile entre l'homme et l'animal et l'animal et l'homme."

Le parlementaire a par ailleurs adressé une mise en garde à l'attention des Français propriétaires d'un certain animal de compagnie: "Le furet fait partie de la même famille que le vison, les mustélidés, c'est exactement la même famille. Il faut regarder la façon avec laquelle le virus se propage dans l'animal. Et donc, je dis aux propriétaires de furets d'être attentifs et de ne pas être trop proches de leur animal."

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV