Pourra-t-on fêter Noël? Ce qu'en disent les spécialistes

Avec près de 50.000 cas détectés selon les derniers chiffres, et un taux d'incidence de 310, la cinquième vague continue de progresser en France. Cette propagation laisse craindre un pic au moment des fêtes de fin d'année, et par conséquent la mise en place de nouvelles restrictions lors de cette période.
"Parce que l’on prend des mesures, parce que la campagne de vaccination et de rappel s’accélère, on peut passer les fêtes" sans nouvelles restrictions, a toutefois déclaré sur RMC ce jeudi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
"On peut traverser Noël sans avoir à reprendre de mesures, je le dis".
"Noël est en danger, oui"
Mais après cette forme de promesse, Gabriel Attal rappelle toutefois rapidement que ces décisions pourraient être remises en question, car "par définition rien ne peut être exclu, mais ce que je vous dis c’est que, aujourd’hui, il n’y a absolument aucune raison de penser que les Français ne pourraient pas passer Noël en famille". S'il n'y a pas forcément de nouvelles restrictions mises en place, la période des fêtes se passera, de toute façon, dans une certaine tension sanitaire.
"Noël est en danger, oui", déclarait ainsi mercredi sur BFMTV Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence des virus respiratoires de l'Institut Pasteur. "On a les armes, on a la surveillance, on a les moyens de limiter la diffusion du virus pour l'instant mais c'est maintenant qu'il faut agir, c'est tout de suite, pour avoir un Noël à peu près normal".
"Ce qui va se passer dans les 10 prochains jours sera déterminant pour Noël. Les fêtes de fin d’année sont déjà entre nos mains", écrit également sur Twitter Guillaume Rozier, créateur de CovidTracker, outil de surveillance de l'épidémie de Covid-19.
"Sans ralentissement de la croissance des contaminations d’ici une dizaine de jours, les hôpitaux risquent d’être sous forte tension entre le 20 et 30 décembre".
Un pic attendu en janvier
Le pic de la cinquième vague est attendu, selon les projections actuelles, début 2022, courant janvier. "Donc il sera après les fêtes de fin d'année, et du coup malheureusement la période pendant laquelle on va devoir freiner la circulation du virus inclut les fêtes de fin d'année. Là, il va falloir tous faire un effort", déclarait ce mardi sur France Inter l'épidémiologiste Arnaud Fontanet.
Pour l'instant, "sur l'hospitalisation on n'est pas au pic", explique ce jeudi sur BFMTV le président du conseil scientifique Jean-François Delfraissy. Cette donnée est regardée de près car les précédents confinements ont notamment été engagés en raison de la saturation des lits dans les hôpitaux.
"On est déjà à un niveau élevé", déclare-t-il toutefois, car "on est actuellement autour de 10.000 hospitalisations classiques et 1800 lits occupés en soins intensifs. Mais sur les première et deuxième vagues, on a atteint des niveaux autour de 6000 à 7000 hospitalisations en soins intensifs, il faut absolument qu'on évite cela".
Pour limiter au plus cette augmentation du nombre de contaminations avant les fêtes, les scientifiques appellent à un retour du respect des gestes barrières et à la vaccination, notamment à la dose de rappel.
"Scientifiquement, le vaccin est la chose essentielle qui va empêcher la diffusion du virus", explique ainsi Vincent Enouf, rappelant que la majorité des personnes hospitalisées pour Covid-19 en France ne sont pas vaccinées.
"Noël n'est pas en danger si nous faisons tous attention"
"Il est difficile de faire des prévisions mais je pense que si les gens sont correctement vaccinés, Noël sera quasi-normal cette année", déclarait mi-novembre dans L'Express l'infectiologue Eric Caumes. "Je ne suis donc pas trop inquiet, sous réserve que le public concerné reçoive bien sa troisième dose".
Le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy appuie également sur l'importance des gestes barrières.
"Les données de l'Institut Pasteur montrent que si on a une amélioration de 10 à 20% des gestes barrières au sens très large du terme, c'est à dire diminuer les contacts, continuer à porter le masque là où on ne le portait plus, réduire les rassemblements, utiliser plus l'aération... (...) Cela permettra d'avoir un impact sur le système de soins, qui pourrait être suffisant associé à la vaccination".
Interrogé sur le nombre de convives recommandé pour un repas de Noël cette année, Arnaud Fontanet conseille ainsi "plutôt 6 personnes que 12", mais appelle surtout à faire attention aux personnes fragiles et à "une prise de conscience de la nécessité pour tous de faire un effort pour éviter de se retrouver avec une saturation des services hospitaliers qui obligerait à des mesures beaucoup plus contraignantes".
Ainsi, pour le président du Conseil scientifique, "Noël n'est pas en danger si nous faisons tous attention". Il assure que tout est fait "pour éviter un confinement", mais "bien sûr cela reste dans la boîte à outils, cela reste l'outil terminal un peu, qu'on a été obligé d'utiliser au début".
