Choc toxique: une étude pointe les coupes menstruelles et le manque d'informations sur les tampons

Une étude dédouane les tampons hygiéniques dans l'apparition du syndrome du choc toxique mais pointe les risques liés aux coupes menstruelles. - Loic Venance - AFP
La composition des tampons, souvent pointée du doigt pour son opacité, a-t-elle un lien avec le développement du syndrome du choc toxique? D'après les premiers résultats d'une étude menée à Lyon et dévoilés mardi, la réponse est non. A l'automne, le Centre national de référence du staphylocoque des Hospices Civils de Lyon (HCL) avait lancé une étude sur ce syndrome aux conséquences parfois très lourdes, et dont on a constaté une recrudescence des cas déclarés ces dernières années. Pour mener leurs travaux, les chercheurs lyonnais ont collecté et analysé un peu plus de 700 tampons usagés.
"Contrairement au tampon Rely, retiré du marché américain dans les années 1980, aucun dispositif ne stimule la production de la toxine qui déclenche le choc toxique", a souligné le Centre mardi.
Le professeur Gérard Lina, chef de service aux HCL, a souligné que les tampons semblaient avoir "un effet neutre, voire bloquer le développement du staphylocoque".
Un "défaut d'information" mis en cause
Le syndrome du choc toxique est causé par certaines souches de la bactérie Staphylococcus aureus et peut être difficile à diagnostiquer car ses symptômes sont très semblables à ceux de la grippe ou d'une infection due à un virus. Ses conséquences peuvent être très graves, certains cas ayant entraîné des atteintes à différents organes, des amputations, voire la mort.
D'après cette étude, le choc toxique résulterait "d'un défaut d'information" sur l'utilisation du tampon, pointé par les chercheurs, qui regrettent le manque d'information des utilisatrices. Ils ont testé les marques les plus utilisées et tenté de reproduire les conditions de culture se rapprochant le plus de l'intérieur du vagin, avec peu d'oxygène.
Des risques liés aux coupes menstruelles
En revanche, et c'est une nouveauté, l'étude souligne les risques liés aux coupes menstruelles, considérées par beaucoup d'utilisatrices comme une alternative aux serviettes et tampons hygiéniques, qui contiennent des traces de produits chimiques, tels que des allergènes ou des pesticides, et dont la composition n'est que partiellement indiquée sur les emballages. Les coupes menstruelles permettent une arrivée d'air plus importante, donc d'oxygène, ce qui favorise la croissance du staphylocoque.
Qu'il s'agisse des tampons ou des coupes menstruelles, Gérard Lina et François Vandenesch, qui dirige le Centre national de référence (CNR) des staphylocoques, rappellent de ne pas les porter plus de 4 à 6 heures et en particulier de les retirer pendant la nuit.
"Quand on les utilise correctement, le risque est moindre, mais pas de zéro", souligne le Professeur Lina.
Une vingtaine de cas par an
Le nombre de cas de chocs toxiques recensés a fortement augmenté dans les années 2000, de 5 en 2004 à 19 en 2011, avant de se stabiliser autour de 20. D'après des informations de RMC, 22 cas ont été comptabilisés en 2014, 19 en 2016 et 12 depuis le début de l'année 2017.