Cannabis, "Pète ton crâne", Buddha Blue... Les autorités sanitaires alertent face aux "risques graves" du vapotage

Une personne fume une cigarette électronique (photo d'illustration) - JOEL SAGET
Des pratiques populaires chez les jeunes, mais loin d'être sans danger. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) met en garde face au vapotage de cannabis ou de cannabinoïdes de synthèse, comme les substances interdites surnommées "Pète ton crâne" ou Buddha Blue, dans un communiqué paru ce jeudi 6 février.
"Dans le contexte d’une promotion persistante de pratiques dangereuses via les réseaux sociaux, nous alertons les consommateurs et appelons à la vigilance: le vapotage de substances psychoactives, et notamment de cannabinoïdes de synthèse, présente des risques pour la santé", souligne l'agence de santé.
Cette dernière assure avoir reçu "de nouveaux signalements de cas d’effets indésirables graves après consommation de substances psychoactives par vapotage".
Parmi lesquels, l'agence du médicament liste des troubles psychiatriques comme les hallucinations, les idées suicidaires ou les attaques de panique, les troubles digestifs, comme les nausées, les vomissements et les douleurs abdominales, les problèmes cardiovasculaires tels que la tachycardie ou la douleur thoracique, mais encore les problèmes rénaux, l'addiction sévère avec syndrome de sevrage, les malaises, les amnésies, les pertes de connaissance et les convulsions.
"Des produits très concentrés"
"Le mode de consommation par vapotage ne réduit pas les risques liés à l’usage de ces produits illicites. Il peut au contraire les augmenter, l’action des produits étant plus rapide", prévient l'agence du médicament.
Ces pratiques sont particulièrement populaires auprès des adolescents. "On constate la promotion persistante sur les réseaux sociaux de pratiques dangereuses et on souhaiterait appeler à la vigilance tous les publics, mais particulièrement les plus jeunes", explique ainsi à l'Agence France-presse (AFP) Agnès Laforest-Bruneaux, directrice adjointe de la direction de la surveillance de l'ANSM.
Les adolescents inhalent des e-liquides, "obtenus sur Internet, dans la rue ou au lycée, auprès de camarades" tels que PTC ("Pète ton crâne"), ou Buddha Blue, "des produits très concentrés", explique-t-elle.
Des substances aux effets "supérieurs" au cannabis
"Ces substances vapotées, des cannabinoïdes, sont des stupéfiants: elles sont interdites et présentent des risques graves pour la santé, alors que ce mode de consommation peut être perçu comme moins risqué", précise Agnès Laforest-Bruneaux.
Le PTC peut en effet contenir "plusieurs cannabinoïdes de synthèse, des substances qui imitent l'effet du cannabis, mais dont la puissance peut être supérieure", indique l'ANSM, dont le suivi, entamé en 2019 - enrichi des données de Drogues Info Service et des cas rapportés aux centres antipoison - a porté en France sur 215 cas (dont un décès) en 2021-2022 et 139 en 2023-2024.
"Ça n'est pas exhaustif, mais ça permet de donner une tendance, d'identifier de nouvelles substances qui apparaissent", indique la responsable de l'ANSM.
Une "addiction" en "forte progression"
"Fin 2024, nous sont parvenus des signalements très rapprochés, d'effets indésirables graves chez des lycéens, qui ont nécessité des hospitalisations assez longues et, sur 2023-2024, la moitié des cas qui nous sont déclarés sont des cas graves, dont près de la moitié concernent des mineurs", détaille-t-elle.
Plus inquiétant encore, "à moyen et long terme", pour "les usagers chroniques", on constate une "addiction et une dépendance importantes, en forte progression, avec des symptômes de manque, notamment chez les consommateurs les plus jeunes", précise Agnès Laforest-Bruneaux.
L'ANSM invite les usagers de cigarette électronique à la vigilance lorsqu'ils se procurent des e-liquides susceptibles de contenir des cannabinoïdes de synthèse aux compositions et aux dosages variables. Elle exhorte en outre à ne pas faire de mélanges "maison" de produits qui "augmentent les risques d'intoxication pouvant mener à des hospitalisations".
En cas d'intoxication liée au vapotage, se manifestant par "des nausées et vomissements, malaise, amnésie, convulsion, perte de connaissance, épisode délirant" ou encore des "hallucinations ou idées suicidaires", l'agence appelle à contacter sans délai le Samu (15), les pompiers (18) ou les services d'urgence.
Des consultations dédiées aux jeunes
Elle rappelle qu'en cas de dépendance à des produits de vapotage - hors nicotine -, des "consultations jeunes consommateurs" proposent aux moins de 25 ans, un service gratuit et confidentiel d'accueil, d'écoute et de conseil.
Le site drogues-info-service.fr fournit les informations permettant de trouver une prise en charge adaptée, par un médecin ou une structure spécialisée.
À destination des urgentistes, l'ANSM rappelle que détecter les cannabinoïdes de synthèse "est complexe et nécessite des analyses spécifiques réalisées par les laboratoires spécialisés".