Artistes, candidats: Bachelot répond aux détracteurs des jauges imposés aux rassemblements

Pas plus de 5000 en extérieur, 2000 en intérieur, et personne debout lors des spectacles. Pendant trois semaines, au moins et à compter du premier lundi de janvier, les rassemblements collectifs vont devoir se serrer la bride dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Des contraintes qui pèseront lourdement sur le monde de la culture... mais pas sur la classe politique.
En effet, les meetings politiques en sont explicitement exemptés. Un régime binaire qui a suscité l'ironie de nombreux artistes, dont certains ont sarcastiquement menacé de feindre un changement de carrière. Interrogée ce mercredi par BFMTV, Roselyne Bachelot leur a répondu.
Conciliante avec les artistes
"Je crois à la bonne volonté de ces artistes. Ils ne joueront pas avec la santé de leurs spectateurs, donc je crois qu'il y a eu un mouvement d'humeur mais que les choses se résolveront", a posé la ministre de la Culture.
Les réfractaires qui laisseraient leur public les acclamer debout ou dépasser la jauge prescrite verraient en revanche leurs "manifestations interdites", a-t-elle promis.
Plus tôt, elle s'était montrée conciliante: "Je comprends leur déception et ils peuvent considérer qu'il y a deux poids, deux mesures. Mais c'est une particularité de la structure constitutionnelle - comme pour les cultes: on ne peut pas appliquer ces mesures aux meetings."
Appel à la responsabilité
Le Conseil constitutionnel a en effet fourni un argumentaire à ce différentiel. Tout d'abord, il remarque qu'il avait déjà jugé en mai dernier que l'organisation des meetings politiques n'était pas incluse par la loi d'urgence sanitaire. De surcroît, les "Sages" ont rappelé que l'article 58 de la Constitution garantissait le caractère "fondamental" de la "liberté de réunion".
Certains acteurs culturels ont toutefois pointé une forme d'absurdité dans cette dichotomie. Comme David Dickens, directeur marketing du Cirque Phénix, qui a lancé mardi sur Twitter: "Donc je peux accueillir 5500 personnes au Cirque Phenix lors d’un meeting politique à 14h00 comme nous l’avons déjà fait par le passé mais à 16h00 le même jour, je dois réduire la capacité de la salle à 2000 pour y jouer notre spectacle?"
Roselyne Bachelot a renvoyé la question à la "responsabilité" des premiers concernés. "Les dirigeants des partis n'exposeront pas la santé des gens venant assister à leur meeting", a-t-elle espéré.
Elle a de plus souligné: "Il y aura une réunion entre les dirigeants politiques et Gérald Darmanin le 9 janvier. Ils vont prendre les choses de manière responsable, et sont en train de réfléchir à la manière d'assurer la sécurité de ceux qui assisteront à leur meeting".
"Certains avaient même annulé des meetings, sans même l'annonce des décisions prises par le gouvernement, ou en avaient réduit le format", a-t-elle repris plus tard.
Avertissement à Eric Zemmour
Du côté d'Eric Zemmour, l'humeur est un peu différente. Son équipe, via un tweet publié par son conseiller Olivier Ubéda, a plutôt mis l'accent sur son désir d'accueillir de fortes affluences moyennant "masques obligatoires et pass sanitaire recommandé".
"Monsieur Zemmour prendra ses responsabilités", a averti Roselyne Bachelot, sollicitée à ce propos.
