BFMTV
Santé

"50 à 60% des Français vaccinés": un chiffre suffisant pour atteindre l'immunité collective?

Depuis l'autorisation européenne lundi, jusqu'à la première vaccination dimanche, il reste des étapes à franchir pour le vaccin en France

Depuis l'autorisation européenne lundi, jusqu'à la première vaccination dimanche, il reste des étapes à franchir pour le vaccin en France - JOEL SAGET © 2019 AFP

Alors que la vaccination est sur le point de débuter en France, les professionnels de santé soulignent qu'une immunité collective peut être atteinte sans que 100% de la population soit vaccinée.

Un vaccin pour retrouver une vie "normale". Alors que les plans de vaccination se mettent en place à l'international, et devraient débuter le 27 décembre prochain en France et dans le reste de l'Europe, de nombreuses questions se posent encore. Si la société Pfizer a ces derniers jours publié la composition complète de son sérum, les interrogations concernent de plus en plus l'efficacité de ces immunisations, réalisées en un temps record.

Invitée ce mercredi sur l'antenne de BFMTV et de RMC, Karine Lacombe, infectiologue et cheffe du service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, ne s'est pas déclarée "pour la vaccination obligatoire". Car "avec un vaccin efficace à 95%", nul besoin de vacciner tous les Français afin d'assurer une immunité de groupe dans la population française.

"Il suffit que la couverture vaccinale atteigne 50 à 60% pour que l’intégralité de la population soit immunisée, même ceux qui ne veulent pas se vacciner pour protéger les autres", détaille-t-elle.

Immunité collective

Contacté par BFMTV.com, Jean-Stéphane Dhersin, épidémiologiste et directeur adjoint scientifique de l’Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions du CNRS, explique les raisons pour lesquelles ce chiffre pourrait en effet être suffisant.

"En terme d'immunité collective, il est difficile de savoir où l'on se situe car cela dépend du R0 sous-jacent. Pour s'assurer l'immunité collective, il faudrait être aux alentours de 60% de la population française immunisée."

Or, selon les chiffres d'une estimation réalisée par la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Drees) du ministère de la Santé, "seuls" 6,33 millions de Français de 15 ans et plus ont été contaminés par le Covid-19, soit un peu plus de 11% de la population, soulignait de son côté l'Institut Pasteur début décembre. Si l'infection à Covid-19 ne garantit pas une immunité parfaite et durable, il est à noter que les cas documentés de réinfection restent à ce jour assez isolés.

Faire baisser le R0

De fait, les vaccins devraient permettre d'augmenter significativement ce chiffre.

"Nous sommes à plus de 10%, mais si nous avons des vaccins efficaces alors cela peut augmenter jusqu'à 55%, nous serons entre 50 et 60% et l'immunité collective sera atteinte. Karine Lacombe a entièrement raison, l'immunité collective n'est pas à 100%", explique encore Jean-Stéphane Dhersin.

Si cet objectif n'est pas atteint, un entre-deux est toutefois possible. "Il faut faire en sorte que le R0 passe en dessous de 1", explique encore ce dernier. Car en immunisant la moitié de la population, la circulation du virus serait largement compliquée par le manque d'hôtes possibles.

En revanche, cette hypothèse ne tient que si le vaccin est capable de bloquer la transmission du virus. Or, à notre antenne, le professeur Vincent Maréchal, virologue et professeur de virologie à la Sorbonne, estime que ces informations ne sont pas encore connues.

"On ne sait toujours pas si ce vaccin bloque la transmission du virus. Toutes les hypothèses que l’on fait là, sont les hypothèses d’un vaccin qui bloque la circulation. On sait qu’il bloque la maladie, les formes graves. [...] On aura la preuve sur les populations vaccinées si des gens secrètent le virus. On va savoir qui va être vacciné ou qui ne l’est pas. On sait que ça existe, le vaccin polio injectable ne permet pas de bloquer la transmission du virus", alerte-t-il.

Bien vacciner partout

A l'heure actuelle, il est encore extrêmement difficile d'estimer le R naturel en France, notamment en raison des mesures mise en place par le gouvernement, un second confinement jusqu'à peu, puis un couvre-feu actuellement, qui influencent la circulation du virus.

"Le vrai R0, on ne sait pas à combien il est et c'est compliqué à savoir. Mais ce qui est sûr, c'est que même si on lève les mesures, les Français vont continuer à faire attention," explique Jean-Stéphane Dhersin.

L'épidémiologiste estime qu'il sera vital que les vaccins soient bien accessibles à l'ensemble de la planète.

"Il est important de vacciner sur l'ensemble de la planète. On arrête localement, mais il peut y avoir des importations de cas, il faut faire chuter le R partout."
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV