Yannick Jadot appelle la gauche à refuser la "politique Twitter" et la "brutalisation du débat public"

Le candidat écologiste Yannick Jadot en visite à Saint-Brevin-Les-Pins le 7 avril 2022 - Loic VENANCE © 2019 AFP
Depuis sa défaite à la présidentielle (4,63%), Yannick Jadot n'a jamais embarqué dans le wagon de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). L'écologiste fait régulièrement état de ses désaccords avec les chauffeurs du train de la coalition des gauches: les insoumis. Sa longue interview publiée dans Libération ce vendredi ne fait pas exception.
"Le buzz pour le buzz, la polémique pour la polémique nous éloigne des Français", explique le député européen dans les colonnes du journal, semblant viser les insoumis et Sandrine Rousseau davantage que la Nupes dans son ensemble.
Yannick Jadot estime ainsi que la "gauche doit refuser la brutalisation du débat public, la politique Twitter, qui, à la fin, ne servira qu'à l'extrême droite". L'élu insiste:
"Je crains que, collectivement, nous participions tous - et en premier lieu la majorité - à la victoire du Rassemblement national (RN) dans cinq ans".
Une récente enquête réalisée par Ipsos et Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès et le Cevipof démontre que la stratégie de La France insoumise (LFI) d'une "opposition bruyante et particulièrement radicale" ne porte pas ses fruits auprès de l'opinion. Ainsi, 42% des Français interrogés désapprouvent "tout à fait" la manière dont les députés insoumis se comportent à l'Assemblée nationale contre 29% pour les députés du Rassemblement national (RN).
Cependant les insoumis pourraient changer le fusil d'épaule. "Je n'ai plus envie de hurler sur les bancs de l'Assemblée nationale", a expliqué François Ruffin à France Inter en début de semaine. "Je l'ai dit au groupe: ça ne sert à rien. Ça renforce le RN", a-t-il précisé.
"On radicalise notre discours"
Néanmoins, c'est bien le parti à la flamme qui s'est distingué ce mardi pour des écarts de comportement, contrastant ainsi avec sa stratégie d'apparaître comme une opposition responsable. Alexandre Loubet, député RN de Moselle, a écopé d'un rappel à l'ordre et une inscription au procès verbal - le privant d'un quart de son indemnité parlementaire - après avoir traité de "lâche", Bruno Le Maire, ministre de l'Economie. Frédéric Boccaletti, député RN du Var, a lui aussi été sanctionné d'un rappel à l'ordre avoir qualifié le ministre de l'Education national Pap Ndiaye de "communautariste". En face, les insoumis, souvent les premiers à être pointés du doigt, sont apparus bien calmes.
Reste le fond du propos de la Nupes.
"On radicalise notre discours", regrette Yannick Jadot, jugeant, toujours dans Libération, que "le risque est grand" pour la gauche de se "replier sur [elle-même] et de ne parler qu'aux convaincus, de [s']éloigner d'une opinion publique perdue face aux chocs qu'elle subit".
"Ecosocialisme"
Une résurgence du clivage apparu lors du second tour de la primaire des écologistes. D'un côté, un Yannick Jadot cherchant avant tout à rassembler, de l'autre, une Sandrine Rousseau assumant de cliver.
L'ancienne tête de liste d'EELV aux européennes voit "deux grandes trajectoires" à gauche. Il distingue ainsi une "gauche radicale" d'une "écologie sociale, que d'autres appellent parfois écosocialisme". Il s'inscrit évidemment dans cette deuxième proposition.
Yannick Jadot explique vouloir travailler à la "construction d'un espace politique", un "lieu de débat". Tout en restant fidèle à sa famille politique.