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"Ça ne sert à rien": François Ruffin n'a "plus envie de hurler sur les bancs de l'Assemblée nationale"

Le député LFI François Ruffin lors d'un débat à l'Assemblée nationale, le 16 janvier 2022 à Paris

Le député LFI François Ruffin lors d'un débat à l'Assemblée nationale, le 16 janvier 2022 à Paris - Thomas COEX © 2019 AFP

L'Amiénois estime que la stratégie d'une opposition bruyante favorise le Rassemblement national, parti d'extrême droite qui s'attache à renforcer sa crédibilité et cherche à incarner une opposition responsable.

Lors de la dernière législature, François Ruffin avait multiplié les coups d'éclats. On se souvient notamment de sa prise de parole dans l'hémicycle en décembre 2017, affublé d'un maillot de foot vert, ce qui lui avait valu d'être privé pendant un mois de 1378 euros, soit un quart de son indemnité parlementaire.

"Ça ne sert à rien, ça renforce le RN"

Désormais, le député de la Somme, élu sous la bannière "Picardie Debout" mais siégeant avec les insoumis au Palais Bourbon, veut changer de méthode.

"Je n'ai plus envie de hurler sur les bancs de l'Assemblée nationale", explique-t-il à France Inter.

"Je l'ai dit au groupe: ça ne sert à rien. Ça renforce le RN", ajoute François Ruffin. Et de conclure dans une référence ironique à la social-démocratie: "Je vais me soc-démiser".

Une récente enquête réalisée par Ipsos et Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès et le Cevipof démontre que la stratégie de La France insoumise (LFI) d'une "opposition bruyante et particulièrement radicale" ne porte pas ses fruits auprès de l'opinion. Ainsi, 42% des Français interrogés désapprouvent "tout à fait" la manière dont les députés insoumis se comportent à l'Assemblée nationale contre 29% pour les députés du Rassemblement national (RN).

"L'Assemblée nationale doit être un lieu où apparaît la conflictualité", avait néanmoins défendu François Ruffin sur BFMTV mercredi dernier.

"Le rôle de la démocratie est d’institutionnaliser, de verbaliser, de mettre en scène le conflit (...) pour qu’il y ait des lieux d’incarnation des conflits qui traversent la société", avait développé le député-journaliste.

Plusieurs pas de côté

François Ruffin suit son chemin. Comme Fabien Roussel, mais à sa manière, il veut parler du "travail" à gauche et partir à la conquête des campagnes populaires où le vote pour l'extrême droite est important. L'Amiénois a publié un livre en ce sens - Je vous écris du front de la Somme - où il raconte ses échanges avec des électeurs de terres ouvrières qui ne veulent plus voter pour la gauche.

Ces dernières semaines, il a pris davantage de libertés que ses collègues insoumis pour critiquer Jean-Luc Mélenchon. Lequel avait salué le "courage" et la "dignité" d'Adrien Quatennens après que celui-ci a reconnu des gestes violents envers son épouse et s'est retiré de ses fonctions de coordinateur de La France insoumise.

Si certains insoumis avaient déclaré "ce sont ces mots, pas les miens", François Ruffin est allé plus loin dans sa prise de distance. Sur les ondes de France Info, il a affirmé que Jean-Luc Mélenchon avait confondu deux registres: "l'amitié" et une "réaction politique".

"On attend qu'il défende ces principes [de lutte contre les violences] même quand ce sont les siens qui sont en cause", avait jugé l'élu.
Baptiste Farge