"Vide abyssal", "mort de la politique", la charge de Wauquiez contre Macron

Dans un entretien au Monde, Laurent Wauquiez charge la politique d'Emmanuel Macron. - ROMAIN LAFABREGUE / AFP
Le futur président des Républicains sera désigné en décembre prochain. Sur la ligne de départ depuis plusieurs semaines, le vice-président du parti, Laurent Wauquiez, est pressenti pour l'emporter. Dans un entretien au journal Le Monde paru ce vendredi, il dévoile ses pistes de réflexion pour la refondation du parti, et de la droite au sens large. Surtout, il dresse un premier bilan de la présidence d'Emmanuel Macron. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes reproche tout d'abord au président et à sa majorité de ne pas avoir de "colonne vertébrale".
"Le président de la République et sa majorité ont déjà varié de position très vite et très souvent. Ce n’est pas de l’amateurisme, c’est un symptôme. (...) Ce nouveau pouvoir fonde son action sur du marketing politique et une efficacité technocratique supposés remplacer les convictions", explique-t-il, estimant qu'Emmanuel Macron n'a ni "idéologie", ni "boussole", ni "valeurs".
Poignées de main et parties de tennis
Alors que ce 14-Juillet est placé sous le signe du bras de fer entre le président et les armées sur la question du budget de la Défense et des économies, Laurent Wauquiez choisit cet exemple pour illustrer son propos.
"Regardez les questions militaires… Pendant la campagne, il a promis d’augmenter le budget de la défense à 2% du produit intérieur brut. Depuis son élection, il a fait de belles images en descendant dans un sous-marin nucléaire. Une semaine après, il a réalisé la coupe la plus claire dans le budget des armées".
Le vice-président des Républicains s'en prend aussi à la communication mise en place par Emmanuel Macron depuis son arrivée à l'Elysée, qui repose sur des images fortes et une mise en scène millimétrée. Laurent Wauquiez, qui estime notamment que la venue de Donald Trump à Paris n'était pas "la priorité", y voit "la mort de la politique".
"Pour le moment, on a vu beaucoup de sourires, de poignées de main très commentées, des parties de tennis sur le pont Alexandre-III [à Paris], des photos scénarisées… Ça ne remplacera jamais une vision politique pour la France", poursuit-il.
"Edouard Philippe n'est pas de droite"
Sur le fond, celui qui incarne la droite dure et décomplexée au sein des Républicains estime que le discours d'Emmanuel Macron souffre d'un "vide abyssal" sur le régalien et l'intégration notamment. Il lui reproche en particulier de ne pas évoquer "l'invasion de la barbarie islamiste dans les cerveaux". Mais aussi de ne comprendre et de ne s'adresser qu'à une seule France, celle "qui réussit", par opposition à "celle des ouvriers et des classes moyennes".
"Son expression sur les Français 'qui ne sont rien' est révélatrice, car elle lui vient naturellement, elle surgit du fond de son cortex. C’est l’équivalent des 'sans-dents' de François Hollande.", estime Laurent Wauquiez, qui n'est pas tendre non plus avec les personnalités de droite ayant rejoint le gouvernement: ils ont "renoncé à leurs convictions". Edouard Philippe, le Premier ministre, n'est quant à lui "pas de droite" pour Laurent Wauquiez. Pour autant, alors que l'exclusion des pro-Macron a été reportée à l'automne, il promet qu'il n'y aura "pas de brutalité" à leur égard.