Vers la suppression des évaluations de primaire ?

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Hier jeudi, dans un entretien au Monde, Vincent Peillon, conseiller éducation de François Hollande, a annoncé que les évaluations prévues du 21 au 25 mai prochain auront bien lieu, car il est trop tard pour faire marche arrière. Mais il n'y aura aucune remontée des résultats au niveau national : « Les livrets sont imprimés. Les enseignants reçoivent une prime de 400 euros pour s'en charger. Il est trop tard pour dire qu'on arrête tout » a-t-il déclaré. Il a par ailleurs déclaré que le PS remettait en cause ces évaluations « parce qu'elles mélangent tout ».
Ces tests très contestés avaient été mis en place par Xavier Darcos il y a trois ans pour les élèves de CE1 et de CM2. Certains enseignants étaient allés jusqu'à boycotter les épreuves en dénonçant l'utilisation « politique » de ces données pédagogiques. Mais au fond, ces évaluations ont-elles eu une quelconque utilité pour les enseignants, au niveau de leur classe ?
« Les résultats étaient faussés »
Nialy est enseignante en CM2 en Seine-et-Marne : « Je pense qu’il faudrait supprimer les évaluations. Nous des évaluations, nous en effectuons, c’est un choix de l’enseignant. Alors que ces évaluations [mises en places par Xavier Darcos] sont réalisées par des personnes qui ne sont pas en classe, et ce n’est pas forcément adapté à toutes les classes de CM2. Il y a une course au résultat, donc certains mettaient des codes à leur avantage, ou préparaient des exercices par anticipation : forcément, ça fausse les résultats. »
« On aurait pu les améliorer »
Bruno Suchaut est professeur en sciences de l’éducation à l’université de Bourgogne : pour lui, « il aurait mieux valu attendre un peu, les améliorer. Il y a eu une ambiguïté : ce ne sont pas des évaluations faites pour fournir des informations sur les élèves et adapter sa pédagogie aux difficultés éventuelles des élèves. C’était clairement pour avoir des infos sur le niveau des élèves français, et s’en servir pour le pilotage. »