Université : le Parlement donne son feu vert

Illustration - Des étudiants dans l'amphi d'une université - FRED DUFOUR / AFP
Clap de fin au Parlement ce jeudi pour le projet de loi changeant les règles d'accès à l'université, dont Parcoursup déjà lancé, que la majorité vante comme un progrès alors que la gauche dénonce une sélection et que le premier syndicat étudiant se fâche.
Par 49 voix contre 13, l'Assemblée nationale a donné son ultime feu vert au projet de loi sur l'"orientation et la réussite des étudiants", qui vise notamment à supprimer le tirage au sort et réduire le taux d'échec en première année de fac, dans la version de compromis trouvée entre députés et sénateurs il y a deux jours. Le Sénat, à majorité de droite, devait mettre le point final en soirée.
Encore "trop timide" pour Les Républicains
Pour la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal, le nouveau système a "pour épine dorsale" la volonté "d'accompagner plus de lycéens et d'étudiants vers l'enseignement supérieur et la réussite".
Saluant "la fin de la sélection par l'échec", les députés LREM-MoDem ont apporté leurs suffrages, comme les UDI-Agir-Indépendants. LR, qui avait voté contre en première lecture, s'est abstenu après les modifications obtenues par les sénateurs, en regrettant une réforme "timide" et un mot sélection "resté tabou".
Jusqu'au bout, socialistes, communistes et Insoumis ont rejeté "cette nouvelle sélection qui ne dit pas son nom" (George Pau-Langevin, Nouvelle Gauche) et une réforme "idéologique" (Marie-George Buffet, PCF).
Parcoursup inquiète toujours
Alors que les inscriptions sont ouvertes depuis le 22 janvier sur Parcoursup, qui remplace la plateforme APB, fortement décriée l'été dernier, le nouveau système alimente des inquiétudes, y compris de certains partisans, et un afflux dans les cabinets privés de conseil en orientation.
Si elle n'a cessé de marteler au fil des semaines que chaque lycéen recevra "une proposition" à l'issue de Parcoursup, la ministre et ancienne présidente d'université a reconnu récemment qu'il fallait "un grand travail de pédagogie", entre autres pour expliquer "les 13.000 formations" sur la plateforme.
Pas le soutien de la Fage
Mais la Fage, le premier syndicat étudiant, jusqu'alors soutien du projet de loi, a affirmé ce jeudi ne plus pouvoir s'associer à un texte "vidé de sa substance" par le compromis députés-sénateurs. L'organisation a demandé à la ministre des "garanties concrètes et tangibles" sur un nombre de places à l'université conditionnées par le nombre de candidatures et non des critères d'insertion professionnelle.
Se voulant rassurante, Frédérique Vidal a notamment assuré que "rien dans le projet de loi" n'autorise "que soit conduite une politique malthusienne de réduction des capacités d'accueil sous quelque prétexte".
"Aux oubliettes"
Lancé dans une course de vitesse pour appliquer sa réforme, le gouvernement a pris le décret pour lancer la plateforme avant que la loi soit adoptée. Une méthode "contraire à la loi" qui "inverse la hiérarchie des normes", pour les sénateurs communistes, qui ont fait un recours devant le Conseil d'Etat.
La gauche, elle, envisage désormais un recours commun au Conseil constitutionnel. Quant à La France insoumise, elle espère aussi, selon la formule d'Eric Coquerel, que "les jeunes sauront faire en sorte" que ce texte, instaurant "une frontière sociale pour des centaines de milliers" d'entre eux, ira "aux oubliettes de l'histoire". LFI et Jean-Luc Mélenchon tentent d'"instrumentaliser la jeunesse" en encourageant des mobilisations, a critiqué ces dernières semaines le rapporteur LREM, ex-PS, Gabriel Attal, pour lequel ces détracteurs n'ont "pas proposé une seule alternative".