"Une violence absolue": la députée Danielle Simonnet accuse Jean-Luc Mélenchon d'"harcèlement moral et politique"

Jean-Luc Mélenchon et Danielle Simonnet, à Paris, le 1er mai 2017 (photo d'archives) - Thomas Samson / AFP
"Je vous passerai tous à la trappe et c'est tout". Dans l'émission "Complément d'enquête" sur France 2, diffusée ce jeudi 24 avril en deuxième partie de soirée et présentée par Tristan Waleckx, l'ancienne insoumise Danielle Simonnet indique avoir subi un "harcèlement moral et politique" de Jean-Luc Mélenchon, après s'être opposée à Sophia Chikirou, très proche du leader de LFI.
Il faut remonter en 2021, pour comprendre la source de ces accusations. Avant la campagne des législatives de 2022, Sophia Chikirou souhaite se présenter dans la 15e circonscription de Paris, qui représente une partie du 20e arrondissement de la capitale. Sa candidature est contestée par Danielle Simonnet, compagnonne de route de Jean-Luc Mélenchon pendant des années.
Membre du courant de la gauche socialiste au sein du PS, comme lui, elle a ensuite fait partie de son cabinet du temps où il était ministre délégué à l'enseignement professionnel (2000-2002) dans le gouvernement de Lionel Jospin.
Avant de quitter, elle aussi, la formation au poing et à la rose en 2008 pour participer à la création du parti de gauche. Surtout, Danielle Simonnet est implantée dans cette fameuse 15e circonscription parisienne, étant conseillère du 20e arrondissement à partir de 2001, un mandat qu'elle occupe toujours au moment des législatives.
"Violence absolue"
À la suite d'une décision du comité électoral de La France insoumise, Sophia Chikirou hérite finalement de la circonscription voisine, la 6e, qui regroupe une partie des 20e et 11e arrondissements. Mais un autre problème se présente: les militants du secteur refusent la venue de la communicante.
Danielle Simonnet se voit ensuite accusée par Jean-Luc Mélenchon d'alimenter une fronde anti-Chikirou. Un soir, le leader insoumis lui envoie un message Telegram, daté du 12 décembre 2021, selon les documents diffusés par France 2: "Ne crois pas que je ne me rende pas compte".
Après lui avoir proposé un café pour discuter de la situation, Danielle Simmonet reçoit une fin de non-recevoir du patron des insoumis: "Je n'ai rien à dire", "J'agirai". L'élue parisienne se défend mais le triple candidat à la présidentielle continue de se montrer menaçant.
Il dénonce notamment des "combines pourries des planqués contre le dispositif central", avant de lâcher: "Je vous passerai tous à la trappe et c'est tout. J'attends d'être scrupuleusement entendu." Des messages d'"une violence absolue" pour Danielle Simonnet, qui confie: "Je l'ai vécu comme un harcèlement moral et politique"
"Se lever tous les matins, aller faire du porte-à-porte, aller faire la campagne de Jean-Luc Mélenchon alors que vous aviez dans votre téléphone tous ces messages-là (...) ce n'était quand même pas évident", témoigne-t-elle.
Mathilde Panot défend Jean-Luc Mélenchon
En décembre 2022, Danielle Simonnet n'est pas retenue dans la nouvelle direction de LFI, au même titre que plusieurs figures du mouvement, dont Alexis Corbière, Raquel Garrido, Clémentine Autain et François Ruffin. LFI choisit ensuite de ne pas accorder son investiture à la plupart d'entre eux aux législatives anticipées de 2024 et présente face à eux d'autres candidats, ce qui est décrit par les intéressés comme "une purge".
Réélue députée, Danielle Simonnet siège aujourd'hui parmi les députés écologistes, au même titre que les autres ex-insoumis qui ont conservé leur siège. Elle fait partie des membres fondateurs de l'Association pour une République écologique et sociale (l'Après) au même titre qu'Alexis Corbière, Raquel Garrido et Clémentine Autain. Le petit parti, créé dans la foulée des législatives 2024, prône l'union de la gauche en vue de la prochaine élection présidentielle.
Après son intervention dans l'émission, Danielle Simonnet a reçu un soutien de la part de Raquel Garrido, elle aussi en désaccord avec la direction avant de quitter le mouvement après les législatives 2024 lors desquelles elle a échoué à être réélue en Seine-Saint-Denis où LFI avait choisit une autre candidature.
"Le courage de Danielle Simonnet m’impressionne (...) Ces méthodes doivent cesser dans tous les partis et dans tous les milieux", a écrit sur X l'ex-avocate de Jean-Luc Mélenchon.
Du côté des insoumis, Jean-Luc Mélenchon n'a pas souhaité répondre à l'enquête. Mathilde Panot, cheffe de file du groupe LFI à l'Assemblée nationale, s'est chargée de le défendre. La députée du Val-de-Marne n'a pas repris la qualification d'"harcèlement".
"Que Jean-Luc Mélenchon et Danielle Simonnet se soient engueulés, c'est tout à fait une possibilité", a-t-elle déclaré, avant d'ajouter un peu plus tard: "Nous avons des discussions dans le cadre de stratégie, d'événements qui arrivent, mais nous n'avons pas de brutalité entre nous."