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Sondage: près de 8 Français sur 10 pour une diminution du nombre de parlementaires

Vue de l'Assemblée nationale, le 19 décembre 2017 lors d'une session de questions au gouvernement.

Vue de l'Assemblée nationale, le 19 décembre 2017 lors d'une session de questions au gouvernement. - Patrick Kovarik - AFP

Selon une étude réalisée en partenariat avec BFMTV, les Français se montrent favorables à une recomposition de la vie parlementaire, avec moins d'élus et plus de proportionnelle. Ils expriment aussi le souhait d'être plus souvent consultés et surtout de pouvoir porter des débats dans l'arène politique.

Les Français sont très majoritairement favorables à une diminution du nombre de parlementaires à l'Assemblée et au Sénat. C'est ce qui ressort de L'Observatoire de la démocratie, une étude réalisée par Viavoice, la Fondation Jean-Jaurès et La Revue Civique, en partenariat avec BFMTV, France Inter et la presse régionale. Le sondage a été mené auprès de 1002 personnes, fin décembre 2017, et est dévoilé ce vendredi. 

Près de 80% des personnes interrogées se déclarent en faveur d'une réduction du nombre de députés et sénateurs, surtout pour "faire des économies budgétaires" (76%), en partie pour "améliorer l'efficacité du travail parlementaire" (50%). Près de 70% estiment également que limiter le nombre de mandats dans le temps serait "utile pour la démocratie", et 65% souhaiteraient l'introduction d'une dose de proportionnelle aux prochaines législatives.

A l'heure actuelle, seuls 39% des Français se sentent "mieux représentés" qu'auparavant à l'Assemblée nationale, malgré un renouvellement constaté des députés et des pratiques politiques. "Il y a une insatisfaction de représentation à l'Assemblée venant des extrêmes", constate Jean-Philippe Moinet, fondateur et directeur de La Revue civique.

Ces trois grands aspects rentrent dans la réforme constitutionnelle voulue par Emmanuel Macron, mais dont certains aspects sont vus d'un mauvais œil par le président du Sénat, Gérard Larcher.

"Une demande insatisfaite des citoyens sur la représentation et la consultation"

Il ressort de cette étude que les personnes interrogées veulent non seulement être plus écoutées, mais souhaitent aussi faire remonter certains débats sur le devant de la scène.

Plus de trois quarts des Français souhaitent ainsi "obliger les élus à débattre d'un sujet ou à étudier une proposition de loi si une pétition a recueilli un nombre très important de signatures", 72% veulent "intégrer le vote blanc dans les suffrages exprimés" et 69% "organiser des consultations en ligne" et "permettre aux citoyens d'imposer un référendum à partir d'une pétition ayant recueilli un nombre très important de signatures".

ViaVoice, Fondation Jean Jaurès et La Revue Civique
ViaVoice, Fondation Jean Jaurès et La Revue Civique © ViaVoice, Fondation Jean Jaurès et La Revue Civique

Jean-Philippe Moinet constate clairement une "demande insatisfaite des citoyens sur la représentation et sur la consultation" et une "inspiration à être actif et civique parmi les citoyens".

"Il y a ce souhait affirmé et à haut niveau d'être consulté et de provoquer des débats sur la scène politique des débats. (...) Ce qui les intéresse, ce n'est pas que ce soit la droite ou la gauche, c'est que ce soit des sujets qui les concernent, qui concernent le pays ou l'Europe", analyse-t-il.

Appel à dépasser le clivage droite-gauche

Un enseignement qui fait écho au ras-le-bol du clivage droite-gauche constaté dans l'étude. Trois quarts des Français pensent ainsi que "faire travailler ensemble élus de gauche et de droite permet de prendre de meilleures décisions pour la France", et 78% pour les décisions prises à l'échelon local. 60% des sondés pensent par ailleurs que le clivage droite-gauche "doit être dépassé", quand 21% sont d'un avis contraire.

Via Voice, Fondation Jean Jaurès et La Revue Civique
Via Voice, Fondation Jean Jaurès et La Revue Civique © Via Voice, Fondation Jean Jaurès et La Revue Civique

L'Observatoire de la démocratie offre également une vision plus large de l'implication citoyenne. Sous cet angle, il apparaît que 93% des Français pensent que "la démocratie est importante". Ils sont 54% à considérer qu'elle "fonctionne bien" en France, soit une hausse de 18 points depuis septembre 2016.

Une confiance accrue particulièrement visible chez les 18-24 ans: en septembre 2016, ils n'étaient qu'un quart à penser que la démocratie fonctionnait bien, contre 61% en décembre 2017. La dernière élection présidentielle a "impacté beaucoup plus que ce qu'on pouvait l'estimer sur la vision de l'ensemble de la démocratie", estime le directeur de La Revue Civique.

"Il y a eu un effet de souffle venant de ce qu'il s'est passé au printemps 2017, qui n'est pas un phénomène conjoncturel mais un phénomène historique, qui fait que la vision même globale de la démocratie a changé", explique-t-il. "Ce qui est frappant sur ce sujet", note-t-il également, "c'est que cela traverse les courants, les générations et les catégories sociales".

Deux tiers des sondés inquiets pour la démocratie

Pour autant, s'ils expriment massivement leur attachement à la démocratie, les Français restent inquiets de son évolution. Près de deux tiers (63%) estiment ainsi que "la démocratie française pourrait être remise en cause dans les années à venir".

Une inquiétude qui avait déjà été relevée en 2016, explique Jean-Philippe Moinet. A l'époque, un questionnement plus poussé avait révélé quelques pistes d'explications: la menace de différents types d'extrémismes, notamment religieux après les attentats de novembre 2015 et de Nice, la perspective d'une arrivée au pouvoir de l'extrême droite, ou la peur d'un soulèvement populaire.

L'étude a été menée auprès d'un échantillon de 1002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Représentativité par la méthode des quotas appliquée aux critères suivants: sexe, âge, profession de l’interviewé, région et catégorie d’agglomération.

Liv Audigane