Sarkozy veut une «présomption de légitime défense» pour les policiers

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Le chef de l'Etat a profité de son déplacement au Raincy (Seine-St-Denis) pour apporter ce jeudi son soutien aux policiers du département, échaudés par la mise en examen d’un fonctionnaire de police du département pour « homicide volontaire » après avoir tué un fuyard multirécidiviste samedi dernier. Le parquet a annoncé qu'il ne faisait pas appel de la mise en examen du policier mis en examen. De son côté, le chef de l'Etat s'est dit favorable à une « présomption de légitime défense » pour les gendarmes et les policiers, proposition également défendue par le Front national.
« Ne pas mettre sur le même plan le policier et le délinquant »
Nicolas Sarkozy a déploré que la mise en examen du policier soit intervenue « avant même que l'enquête ait eu lieu » et il a dit comprendre « l'émotion » des collègues du policier, qui ont protesté mercredi soir sur les Champs-Elysées, à Paris. « Mes premiers mots seront pour les fonctionnaires de police, a commencé le président candidat. (...) Je vais leur rendre hommage et je leur exprime mon soutien et ma confiance. Cela s'adresse aussi aux gendarmes (…). Que serait la vie dans ce département s'il n'y avait pas les forces républicaines ? » « Je ne juge pas la justice en tant que président, je n'ai pas à le faire. Mais en tant que chef de l'Etat, j'ai à défendre les fonctionnaires lorsqu'ils sont mis en cause » a ajouté Nicolas Sarkozy.
Il a ensuite demandé une « évolution » juridique dans un sens « plus protecteur » pour les gendarmes et les policiers : « Il doit y avoir une présomption de légitime défense car, dans un Etat de droit, on ne peut pas mettre sur le même plan le policier dans l'exercice de ses fonctions et le délinquant dans l'exercice de ses fonctions à lui. »
Après sa réunion publique, le président candidat a reçu des policiers à la mairie du Raincy. François Hollande doit en rencontrer lui aussi ce jeudi à son QG de campagne parisien.
« Un acte de pression du président sur la justice »
Matthieu Bonduelle, président du Syndicat de la magistrature, juge sévèrement la proposition de Nicolas Sarkozy : « C’est parfaitement scandaleux. Le chef de l’Etat selon la Constitution est garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. Ce n’est pas pour le confort des justes, c’est pour tout le monde, les citoyens, les "justiciables" comme on dit, pour qu’ils soient sûrs d’avoir en face d’eux des juges indépendants qui ne sont pas sous pression. Là, nous avons un acte de pression manifeste de la part du président de la République en exercice sur le cours de la justice, puisqu’il dit publiquement son désaccord avec la décision d’un juge. Et ce n’est pas parce qu’il le fait régulièrement qu’on doit trouver ça aujourd’hui acceptable. C’est parfaitement scandaleux ! »
« Une victoire idéologique » du FN
A la suite de la proposition de Nicolas Sarkozy, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a salué une « victoire idéologique » de son parti: « Je me félicite de la victoire idéologique qui est la mienne. Chaque jour, Nicolas Sarkozy puise dans mon projet », a-t-elle affirmé, tout en disant ne pas croire le président-candidat.