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Sarkozy joue l'oecuménisme sur les terres de bayrou

Nicolas Sarkozy a mis à profit l'inauguration d'une usine de turbines d'hélicoptères à Bordes, près de Pau, pour vanter sur les terres de François Bayrou les bienfaits du dialogue entre adversaires. /Photo prise le 22 juin 2010/REUTERS/Philippe Wojazer

Nicolas Sarkozy a mis à profit l'inauguration d'une usine de turbines d'hélicoptères à Bordes, près de Pau, pour vanter sur les terres de François Bayrou les bienfaits du dialogue entre adversaires. /Photo prise le 22 juin 2010/REUTERS/Philippe Wojazer - -

par Yann Le Guernigou BORDES, Pyrénées-Atlantiques (Reuters) - Nicolas Sarkozy a mis à profit l'inauguration d'une usine de turbines...

par Yann Le Guernigou

BORDES, Pyrénées-Atlantiques (Reuters) - Nicolas Sarkozy a mis à profit l'inauguration d'une usine de turbines d'hélicoptères pour vanter sur les terres de François Bayrou les bienfaits du dialogue entre adversaires.

La présence sur place du président du MoDem, le député local, qui n'avait il y a un an encore pas de mots assez durs pour vilipender le style et la politique du chef de l'Etat, a donné un relief particulier à sa démarche.

"Chacun d'entre vous a sa propre histoire, son propre parcours, ses propres sentiments et, pour nos compatriotes qui souffrent tant de la crise, c'est plutôt rassurant de voir des gens différents capables de s'additionner", a-t-il dit.

Il s'exprimait lors de l'inauguration d'une nouvelle usine Turbomeca à Bordes, près de Pau, pour un investissement de 100 millions d'euros assuré en partie par les collectivités locales.

Président socialiste de la région Aquitaine, qui a mis 20 millions dans le projet, Alain Rousset a qualifié le site, qui emploie 2.400 personnes, de "plus bel investissement de prévention des délocalisations de France".

"C'est la plus grande usine qui va être inaugurée cette année en France et c'est la plus grand usine de moteurs d'hélicoptères du monde. Je ne serais pas dans mon rôle si je n'étais pas là", a dit pour sa part François Bayrou.

Candidat malheureux à la présidentielle de 2007, le député des Pyrénées-Atlantiques avait choisi une opposition frontale à Nicolas Sarkozy qui a échaudé ses électeurs, en témoigne le faible score du MoDem aux élections régionales de mars dernier.

Il a été reçu depuis à deux reprises discrètement à l'Elysée, ces visites suscitant des spéculations sur un rapprochement en vue d'un partage des rôles pour la prochaine échéance présidentielle en 2012.

LE RAPPROCHEMENT, UN "FANTASME" DIT BAYROU

Le président du MoDem voit dans le réchauffement évoqué par les médias un "fantasme" de journalistes.

"Ce qui a été dit, et que j'approuve, c'est qu'il est des circonstances dans la vie d'un pays où, bien qu'étant en désaccord, et même en opposition, on a le devoir sur les grands sujets de réfléchir si on peut, ensemble, et de travailler, si on peut, ensemble pour faire avancer les choses", a-t-il dit en marge de la visite de Nicolas Sarkozy.

Le chef de l'Etat a abondé dans le même sens.

"Quand on tend la main à un autre, ce n'est pas une preuve de faiblesse, c'est au contraire une question de courage et de force. Je ne tire aucune conclusion définitive de votre présence dans cette assemblée", a-t-il déclaré.

Mais François Bayrou assuré qu'il n'avait pas changé d'avis.

"Je ne me prête ni ne me prêterai à aucune manoeuvre d'aucune sorte", a-t-il dit en soulignant que son "jugement de fond sur les orientations qui ont été suivies en modèle de société en France depuis trois ans, sur l'absence de séparation des pouvoirs, sur les atteintes à l'indépendance de la justice, des médias (...) est intègre et intact".

"Je ne change pas de ligne, Nicolas Sarkozy le sait très bien, il ne change pas non plus", a-t-il ajouté.

François Bayrou avait choisi l'usine Turbomeca plutôt que l'aéroport de Pau pour accueillir le chef de l'Etat, qu'il a accompagné pas à pas dans la première partie de la visite.

Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy on expliquait qu'il avait fait valoir que l'usine Turbomeca se trouvait dans sa circonscription, mais pas l'aéroport.

Le député béarnais a donné une version différente en disant que l'Elysée lui avait proposé une place dans le cortège présidentiel "en excluant tous les autres parlementaires présents".

"Je leur ai dit que je ne suis pas tombé de la dernière pluie. Pour un pays rural, ils ne craignent pas les gros sabots", a-t-il indiqué.

Edité par Yves Clarisse