Sarkozy en fait mille fois trop !

Hervé Gattegno - -
L’omniprésence médiatique de Nicolas Sarkozy n’est pas seulement due à sa stature politique. C’est le résultat d’une campagne de communication qu’il orchestre en personne. La plupart des indiscrétions qu’on lit dans la presse viennent des confidences qu’il fait à ses visiteurs: des politiques pour l’essentiel. Et quand il glisse dans son discours, à Londres avant-hier devant des banquiers, qu’il reviendra « si on a besoin de lui », il sait bien qu’à l’heure de twitter, la phrase sera répétée 2 mn après. Donc tout ce battage est volontaire, calculé, organisé. Ce qui ne veut pas dire qu’il est approprié.
Est-ce qu’on ne peut pas penser que Nicolas Sarkozy veut faire parler de lui pour rester dans le jeu, dans l’hypothèse où il voudrait préparer son retour ?
On dirait plutôt qu’il ne peut pas s’en empêcher. Nicolas Sarkozy est un drogué de la médiatisation : quand il a des crises de manque, il se met en danger. Il laisse son avocat lancer des attaques contre le juge dans l’affaire Bettencourt : l’argumentation ne pèse pas lourd mais elle accrédite l’idée que Nicolas Sarkozy serait menacé par ce dossier – alors que les charges ne tiennent pas. Pour la primaire à Paris, il a laissé l’aile droite de l’UMP – qui se réclame de lui – attaquer NKM de front si bien qu’à l’arrivée, c’est presque comme si c’était lui qui avait perdu… Si tout cela est calculé, il doit y avoir une erreur… de calcul.
Patrick Buisson dit (dans L’Express) que « NKM est la meilleure pour perdre » à Paris. Est-ce que c’est forcément ce que pense Nicolas Sarkozy
Lui seul le sait mais tout le monde pense que Buisson exprime le point de vue de Nicolas Sarkozy parce qu’il a été très influent sur sa campagne. De fait, il a surtout contribué à sa défaite et il continue à lui faire du tort. Buisson est un expert des questions d’opinion mais il mélange les courbes des sondages et la ligne (très) droite de son idéologie. Il s’est convaincu (avec ses apprentis Guillaume Peltier et Geoffroy Didier) que NKM était trop modérée alors que c’est ce profil qui lui donne une chance à Paris. Mais eux n’ont même pas su mobiliser quelques milliers d’électeurs pour la faire battre. La Droite forte n’est pas si forte que cela. Nicolas Sarkozy a intérêt à s’en souvenir.
Malgré tout cela, il reste de loin le candidat préféré de l’électorat de droite pour 2017…
C’est incontestable mais ça ne veut pas forcément dire que sa stratégie soit la bonne. S’il est le favori à droite, c’est parce qu’aucun successeur à sa hauteur n’a émergé – et qu’au contraire, même, les 2 prétendants principaux se sont abîmés dans la bataille interne de l’UMP. Ce devrait être une raison pour Nicolas Sarkozy de prendre du champ et de se faire un peu oublier (2017, c’est dans 4 ans !) mais c’est plus fort que lui. Résultat : ses rivaux sont déjà épuisés mais les Français n’ont pas encore oublié à quel point lui était… épuisant.
Ecoutez ici le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce jeudi 6 juin.