Sarkozy, à pile ou face avec la crise ?

Après la journée de grève et de manifestations du 29 janvier, le Président de la République a souhaité rassurer les Français. Jeudi 5 février, il était l'invité de l'émission télévisée spéciale "Face à la crise" - -
Pas de changement de cap. Le vent des réformes et de la relance par l'investissement souffle toujours. Cependant « Face à la crise », Nicolas Sarkozy a bien quelques « idées ». Mais il n'entend pas « trancher ». Ce sera aux organisations syndicales et patronales de choisir, le 18 février, parmi les mesures que le Chef de l'Etat a évoquées jeudi 5 février lors de son intervention télévisée. Des mesures qui seront financées par les intérêts de l'argent prêté aux banques, à hauteur de 1,4 milliard d'euros.
Les mesures évoquées par le Chef de l'Etat :
- Supprimer la première tranche de l'impôt sur le revenu ;
- Supprimer le deuxième tiers provisionnel ;
- Augmenter les allocations familiales pour les familles modestes ;
- Créer des chèques emploi-service payés par l'Etat, pour les personnes âgées et les mères de famille seules ;
- Mieux protéger les jeunes en fin de CDD et qui ne retrouvent pas d'emploi ;
- Améliorer l'indemnisation du chômage partiel ;
- Supprimer la taxe professionnelle dès 2010
« Un feu d'artifice de mesures... »
Christophe Jakubyszyn, rédacteur en chef de RMC, porte un regard critique sur l'intervention du Président : « C'est un feu d'artifice de mesures qu'a évoqué hier soir Nicolas Sarkozy au cours de sa prestation télévisée : suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu, suppression du deuxième tiers provisionnel, augmentation des allocations familiales pour les familles modestes... Oui, mais il va falloir choisir. Car Nicolas Sarkozy mettra toutes ces propositions sur la table des partenaires sociaux le 18 février, et c'est à eux de dire quelles propositions ils retiendront. Nul ne sait non plus quand ces mesures rentreront en vigueur. Nicolas Sarkozy parle de 3 à 6 mois de négociations. Seule certitude : la taxe professionnelle sera supprimée en 2010, pour aider les entreprises françaises à maintenir leurs activités en France. Supprimer, oui. Mais remplacée aussitôt par un nouvel impôt. »
« 324 euros d'impôt en moins pour toutes les tranches »
Pour aider les classes moyennes « inférieures », les Français qui « travaillent dur et à qui, à la fin du mois, il ne reste rien », Nicolas Sarkozy propose de supprimer la première tranche d'impôt sur le revenu. Une mesure sur laquelle revient Vincent Drezet, secrétaire national du Syndicat national unifié des impôts : « En France, environ 5 à 6 millions de foyers fiscaux, dont le revenu est compris entre 5 600 euros et 11 800 [et qui, ne touchant pas la prime pour l'emploi, ne sont pas exonérés] seraient concernés par cette mesure. Celui qui se situe au plafond de cette tranche, paye 324 euros d'impôt par an. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que les tranches supérieures seront également concernées. C'est la mécanique du barème progressif : comme on découpe le revenu en tranches, tous ceux qui sont à la 2ème tranche jusqu'à la 5ème tranche (la plus haute) auront également un allègement d'impôt de 324 euros. Ce qui va rendre cette mesure particulièrement coûteuse. » En effet, le coût estimé pour l'Etat serait compris entre 3 et 5 milliards d'euros.