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Politique

Sarkozy a craqué !

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25.

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Nicolas Sarkozy n’en finit plus de faire son retour en politique. Hier, il a profité d’un déplacement en Charente-Maritime pour distiller des allusions à la politique de plus en plus précises.

Il n’y a plus de raison de parler du come-back de Nicolas Sarkozy comme d’une éventualité. Le plus proche de ses fidèles, Brice Hortefeux, a parlé d’une « évidence ». Nicolas Sarkozy lui-même a multiplié hier les clins d’œil (dans son discours, dans le train, dans des apartés avec les journalistes) ; le tout pour exprimer son envie sans le dire tout en le disant. Pour critiquer François Hollande aussi – sur le mode de l’ironie mais c’était une première. Il a également dit qu’il prenait du recul, qu’on lui avait reproché de manquer de calme et qu’on avait eu raison, mais toute la mise en scène d’hier ressemblait déjà à celle d’un candidat. Donc c’est vrai qu’il a une évidence, mais il y a surtout une impatience.

Qu'est-ce qui fait qu'il accélère maintenant ? C'est un changement de stratégie ou vous pensez vraiment qu'il n'a pas résisté à la tentation ?

La passion est venue contredire la raison. Nicolas Sarkozy sait que pour réussir non pas son retour (il est déjà là) mais son entrée en campagne proprement dite, il doit rester le plus longtemps possible hors du jeu politique – ce qu’il gagnera en ardeur, il le perdra en hauteur. Seulement ce qui le stimule, qui l’excite, c’est la situation politique qui lui offre une configuration idéale : personne n’a crevé l’écran à droite et surtout, le discrédit de François Hollande est très grand, avec en plus une politique qui divise les Français au moins autant que Nicolas Sarkozy ne l’avait fait. Avec tout cela, s’il se laisse pousser la barbe, c’est sûrement pour ne pas penser à la présidentielle en se rasant…

La question lui a été posée de sa voir s'il était prêt à se soumettre à une primaire. Il a nettement eu l'air d'écarter cette perspective. Il a raison ?

Je ne crois pas. Aucun de ses rivaux ne peut peser très lourd face à lui (François Fillon a dévissé dans les sondages depuis qu’il s’en est pris à lui et les autres n’existent quasiment pas). Le plus probable, c’est que s’il y avait réellement une primaire à l’UMP et que Nicolas Sarkozy s’y soumettait, il se retrouvait seul en lice ou confronté à des candidats marginaux. En refusant la compétition interne, il donne l’impression soit d’avoir peur de ses concurrents, soit d’être prisonnier de son orgueil. Si le 1er argument est le bon, c’est un manque de confiance. Si c’est le 2ème, un manque de caractère. La réalité, c’est que Nicolas Sarkozy aura moins de mal à vaincre ses adversaires que son orgueil.

Il y a toujours des enquêtes judiciaires qui le visent

C’est un scénario possible – d’autant qu’il est l’objet d’une attention très soutenue de la justice. On voit des procédures éclore assez souvent mais pour l’instant, aucune ne l’a vraiment atteint. Il a eu un non-lieu dans l’affaire Bettencourt ; on ressort régulièrement des témoignages (contradictoires) pour l’accuser d’avoir été financé par Kadhafi mais aucune preuve incontestable ; et l’enquête sur l’affaire de Karachi, dont il a été présenté (à tort) comme un acteur central, s’est terminée sans qu’il ait même été interrogé une seule fois ! Pour l’instant, dans la perspective de 2017, Nicolas Sarkozy ressemble moins à un homme affairiste qu’à un homme affairé.

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Hervé Gattegno