Retraites : une réforme utile et habile mais sans courage

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On attendait une réforme d’ampleur, qui rétablisse durablement le système de retraites ; on a un plan de sauvetage financier qui apporte des améliorations (pour les femmes, la pénibilité, les procédures simplifiées) mais qui évite les sujets les plus douloureux. Certes, il faut créditer F. Hollande de faire la 1ère réforme des retraites sous un pouvoir de gauche – et JM. Ayrault d’avoir su déminer (en partie) la contestation du patronat et des syndicats. Il reste qu’ils avaient promis une réforme « sans tabou » et qu’ils ont pondu une réforme sans courage.
>> Retraites : la réforme est-elle assez ambitieuse ?
Qu'est-ce qui aurait constitué, d'après vous, une réforme courageuse ? Revenir sur l'âge légal de la retraite ?
Ce n’est pas le point crucial. De toute façon, il y a une hypocrisie à maintenir mordicus l’âge de départ à 62 ans et à allonger la durée de cotisation : pour ceux qui sont nés après 1970, l’âge de départ effectif va mécaniquement reculer. Le courage aurait été d’aller vers l’alignement du régime général, de la fonction publique et des régimes spéciaux. Pas par idéologie mais par efficacité. Les 7 mds que la réforme doit dégager d’ici 2020 ne comblent que le déficit du régime général. Pour la fonction publique, il restera un trou de 13mds, dont l’essentiel sera payé par l’Etat… donc par la dette. F. Hollande n’a pas voulu fâcher son électorat. Là où il fallait du volontarisme, il cède au clientélisme.
La surprise, c'est que le gouvernement renonce finalement à augmenter la CSG pour financer la réforme. C'est la peur d
C’est un revirement qui laisse une drôle d’impression. Plusieurs ministres jugeaient le piste de la CSG « cohérente » et elle avait l’avantage de répartir l’effort le plus largement possible. Il est clair que F. Hollande et JM Ayrault ont eu peur d’un mouvement d’opinion qui commençait à prendre : ils se sont dits que pour imposer la réforme, il vaudrait mieux ne pas trop imposer les Français. Mais c’est un artifice puisqu’en réalité, ce sont les cotisations sociales qui vont augmenter – c’est-à-dire une autre forme de prélèvement.
Le cœur du projet, c'est donc l
Logique et biologique : la vie s’allonge, la vie active doit s’allonger aussi, sans quoi il y aura un jour plus de retraités que d’actifs. Sur ce point, F. Hollande durcit la réforme de 2010 – celle que le PS a combattu sous N. Sarkozy. C’est un retour à la raison, mais politiquement, ça s’appelle un reniement. Il y en a un autre : F. Hollande devait donner la priorité à la jeunesse ; le dispositif va pénaliser les jeunes, qui devront cotiser plus, travailler plus longtemps et sans doute pour des pensions réduites. Car cette réforme ne sera pas plus définitive que les précédentes : il faudra y revenir. La réforme qui s’annonce est sans grand courage, elle ne sera pas sans lendemain.