BFMTV
Politique

Proche d'Édouard Philippe, Naïma Moutchou, ancienne avocate, nommée ministre de la Fonction publique

Naïma Moutchou est nommée à 44 ans ministre de la Transformation et de la Fonction publique, de l’IA et du Numérique.

Naïma Moutchou est nommée à 44 ans ministre de la Transformation et de la Fonction publique, de l’IA et du Numérique. - Hans Lucas

À 44 ans, l'ancienne vice-présidente de l'Assemblée, pilier du parti Horizons hérite du ministère de la Transformation et ,de la Fonction publique, de l'Intelligence artificielle et du Numérique. Cette franco-marocaine qui a grandi en HLM à Eaubonne (Val-d’Oise), a présenté au printemps dernier un rapport sur les mineurs et les armes blanches.

La rumeur de son entrée au gouvernement était persistante. Naïma Moutchou, 44 ans, fait donc partie du bataillon des nouveaux ministres qui entrent dans le gouvernement de Sébastien Lecornu. Avocate et ancienne vice-présidente de l'Assemblée, pilier sur son flanc droit du parti Horizons d'Édouard Philippe, elle succède à Laurent Marcangeli au ministère de la Fonction publique.

Née le 4 novembre 1980 à Ermont (Val-d'Oise) de parents modestes d'origine marocaine arrivés en France en 1961, Naïma Moutchou est la benjamine d'une famille de six enfants. Après des études de droit à l'université de Cergy-Pontoise, puis d'Assas, celle qui a grandi à Eaubonne exerce de 2010 à 2017 comme avocate au sein du cabinet Christian Charrière-Bournazel. 

Engagée bénévolement auprès de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) de 2008 à 2017, elle s'enorgueillit d'avoir "fait condamner l'un des premiers cas de racisme anti-blanc". En 2017, elle est élue députée du Val-d'Oise et prend rapidement du galon: première vice-présidente du groupe LREM en 2019, elle devient vice-présidente de l'Assemblée en juin 2022. Elle a été réélue à ce poste après la dissolution et sa réélection, ne le délaissant que début octobre, à quelques jours de la composition du gouvernement de Sébastien Lecornu, alimentant les rumeurs la donnant entrante.

"Elle ne voulait que la Justice"

Au fil des années Mme Moutchou s'est rapprochée de l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, et prend la tête du pôle Idées d'Horizons. La députée se signale par des positions marquées à droite au sein du camp présidentiel et même de son parti, notamment lors de l'examen du projet de loi Immigration fin 2023. Dans une interview au "Figaro", elle se dit "favorable à l'idée de transformer (...) l'aide médicale d' État (AME) en aide médicale d'urgence (AMU)", et estime qu'une mesure pour régulariser les sans-papiers travaillant dans les métiers en tension était "une forme d'encouragement à l'immigration clandestine". Elle porte aussi depuis des années des propositions de loi sur les peines planchers, rejetée par les alliés au centre, mais soutenues par la droite et l'extrême droite.

"Édouard essayait de la caser à chaque remaniement, mais elle ne voulait que la Justice", affirme un parlementaire, membre d'Horizons. C'est finalement avec un portefeuille alliant la Fonction publique, l'Intelligence artificielle et le Numérique, que Naïma Moutchou fait son entrée au gouvernement, remplaçant Laurent Marcangeli (Horizons) pour la Fonction publique et Clara Chappaz (Renaissance) pour le Numérique.

Le vice-président RN de l'Assemblée Sébastien Chenu loue en novembre 2023 une parlementaire "courageuse, impartiale, quelque peu dissonante dans cette majorité". Dans la droite ligne des préconisations de Laurent Marcangeli, alors président des députés Horizons, elle n'hésite pas à ouvrir en mars 2024 à la signature des élus RN une proposition de loi sur les nuisances aériennes.

"Je ne m’excuserai jamais d’être ce que je suis"

Lors des législatives de 2024, la gauche dénonce aussi le retrait à son profit entre les deux tours du candidat ciottiste Sébastien Meurant.  Ce dernier affirme à plusieurs médias avoir été appelé par Naïma Moutchou, ce qu'elle dément. "Il n'y a jamais eu d'accord ou de compromission avec qui que ce soit", assure cette mère de trois enfants qui, en mai dernier, avait remis au prédecesseur de Sébastien Lecornu un rapport sur les mineurs et les armes blanches, commandé au lendemain de l'attaque mortelle au couteau dans un lycée de Nantes. Un document comprenant une cinquantaine de recommandations dont le renforcement de la prévention dans les établissements scolaires et le durcissement de la réponde pénale.

En avril dernier, elle avait publié sur X (ex-Twitter) le contenu d'une lettre qu'elle avait reçue à l'Assemblée nationale. "Vous avez une gueule d'arabe, vous n'avez rien à faire dans ce pays qui ramasse tous les déchets du monde. [...] Nous avons la nausée quand on voit votre gueule enfarinée. Vous détruisez notre pays, les arabes égorgent nos enfants", y lisait-on. "Je suis française et je suis d’origine marocaine, avait-t-elle répondu. Avant d'ajouter: "Je ne m’excuserai jamais d’être ce que je suis ni de défendre ce que je crois juste."


FA avec AFP avec AFP