Présidentielle: ce que traduit la faible participation au second tour

Ruth Elkrief, dimanche 7 mai - BFMTV
Les chiffres de la participation au second tour de l'élection présidentielle sont tombés à 17 heures. Selon une projection Elabe pour BFMTV, la participation totale pour la France à 20 heures est estimée à 74% des électeurs. Ce serait la deuxième plus mauvaise participation à un second tour de l'élection présidentielle dans l'histoire de la Ve République après celle de 1969, à 68,85%. Pour les éditorialistes de BFMTV, ces chiffres ont une teneur particulière. Ainsi, Laurent Neumann note un certain "paradoxe":
"On peut dire qu'il y a une forme de paradoxe. Jamais on a eu au deuxième tour de la présidentielle deux personnalités, deux offres politiques si opposées et bizarrement, c'est sur cette élection qu'on risque d'avoir la participation la plus faible."
"On est plus dans un vote d'habitude"
Pour Hervé Gattegno, c'est surtout un sentiment de "défiance" qui domine ce dimanche soir:
"Il y a incontestablement une forme de défiance qui est exprimée de la part du corps électoral. Avec la disparition des partis traditionnels au deuxième tour, on est plus dans un vote d'habitude. Sans ces machines qui savent mobiliser des électeurs pour les emmener voter."
L'enjeu majeur de ce deuxième tour
Souhaitant nuancer ces chiffres en les comparant à ceux d'autres pays comme les Etats-Unis où la participation atteint des records, Ruth Elkrief a néanmoins rappelé que les chiffres de l'abstention avaient été un enjeu majeur du deuxième tour de ce scrutin:
"Ces chiffres sont un indicateur de relations un peu tièdes, le résultat d'une forme de distance par rapport à l'offre politique. On mesurera de toute façon l'abstention d'une toute autre manière que les autres années, elle a une signification beaucoup plus politique."
L'éditorialiste l'explique à l'antenne, cette élection présidentielle incarne un tournant dans la vie politique française:
"On a une restructuration de l'offre politique qui s'est opérée au premier tour. Il y a peut-être aussi une discipline qu'ont les partis habituels, traditionnels à aller voter que n'ont pas, peut-être, les nouvelles offres politiques. Tout cela indiquera au final la recomposition politique qui a commencé au premier tour et se poursuivra aux législatives. On est dans une période de bascule globale dans laquelle il y a des insatisfaits, il y a moins de discipline et d'obéissance aux consignes.".